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L’enquête

IKEA : UNE NORME portée à 25 heures par semaine

L’enquête | publié le : 07.10.2014 | É. S.

L’entrée en vigueur de la réforme a conduit l’enseigne d’ameublement à ouvrir la négociation sur le temps partiel. L’accord conclu fixe la durée minimale et organise les compléments d’heures.

Avec un tiers des salariés d’Ikea concernés, le temps partiel est au cœur de l’organisation du travail. Mais il a aussi été au centre d’une bataille menée par la CFDT contre l’usage des compléments d’heures par avenants temporaires au contrat de travail – donc sans majo­ration. En 2012, l’enseigne a dû régulariser la situation de près de 3 000 salariés, pour des montants allant de 400 à 4 000 euros par personne, selon le syndicat.

LA VOIE DU DIALOGUE SOCIAL

Deux ans après ce coûteux épisode, et en prévision d’une réforme qui allait instaurer la règle des 24 heures, Ikea a donc choisi la voie du dialogue social pour remettre la question à l’ordre du jour : « Nous avions la volonté de simplifier et de moderniser la gestion du temps partiel, en prenant en compte les attentes du législateur et des partenaires sociaux », résume Bertrand Fialip, directeur du développement social.

L’accord, signé en juin dernier avec tous les syndicats sauf la CGT, porte la durée minimale des contrats à 25 heures par semaine, soit une heure de plus que ce que prévoit l’accord de la branche de l’ameublement, conclu fin mai. Un changement avec la pratique jusqu’ici en vigueur des “contrats cibles” de 8, 15, 20 ou 25 heures hebdomadaires pour les temps partiels. Et un seuil auquel peuvent prétendre tous les salariés, y compris les étudiants. « La philosophie de notre accord est de donner le choix aux salariés. Tous ceux qui le souhaitent pourront demander à augmenter leur volume horaire pour atteindre les 25 heures hebdomadaires, en sachant toutefois que cela passera par davantage de polyvalence entre les métiers, poursuit Bertrand Fialip. De même, les collaborateurs ont désormais la possibilité d’accepter ou de refuser les horaires modulés, qui étaient la règle jusqu’à présent. »

Pilotage plus fin

Une évolution qui va entraîner, poursuit le directeur du développement social, « un pilotage plus fin de la planification dans les magasins, et une réflexion sur les passerelles entre les métiers. Nous allons aussi mettre en place dès cette année des formations plus adaptées pour les temps partiels. » Néanmoins, pour l’instant, ceux-ci, majoritairement des étudiants, ne se sont pas pressés pour demander d’augmenter leurs horaires. De même, à ce jour, moins de 10 % ont souhaité sortir de la modulation, selon Bertrand Fialip. Il faut dire que celle-ci ouvre droit à une prime de 2,5 % du salaire.

Les volontaires devraient être plus nombreux pour les compléments d’heures, réintroduits par le biais de l’accord d’entreprise et que l’enseigne prévoit de remettre en œuvre quand celui de la branche sera étendu. Les deux textes posent quelques principes : 8 avenants et 12 semaines maximum par an (hors remplacement de salariés absents), majoration de 10 % des heures incluses dans le complément. « Les salariés sont demandeurs, et cela pourra alléger un peu l’amplitude horaire des salariés à temps complet, avance Salvatore Rinoldo, délégué syndical central CFDT. L’entreprise, de son côté, pourra faire appel à des salariés déjà formés, plutôt qu’à des CDD de surcroît. »

Du côté de la CGT, on dénonce des garanties en trompe-l’œil : « Jusqu’ici, nous avions un engagement de l’entreprise de ne pas dépasser 35 % des effectifs à temps partiel. L’accord supprime ce verrou, regrette le délégué syndical central adjoint, Roger Pouilly. Ikea aurait dû, de toute façon, réévaluer ses contrats pour atteindre les 24 heures minimum. Quant à la modulation, les salariés pouvaient déjà demander à en sortir. Contre un avantage mineur d’une heure de travail supplémentaire par semaine, on va voir une augmentation du nombre de contrats à temps partiel, et des salariés à temps complet poussés au départ. » Signataire, la CFDT affirme aussi qu’elle sera vigilante sur ce point. Bertrand Fialip, lui, l’assure : « Nous sommes conscients qu’une relation durable avec nos collaborateurs se construit sur du temps complet. » Sur ce point au moins, le premier bilan de l’accord sera scruté à la loupe.

REPÈRES

Activité

Vente de meubles.

Effectif France

9300 salariés.

Chiffre d’affaires France

2,39 milliards d’euros en 2013.

Auteur

  • É. S.