logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La semaine

Le travail à distance plébiscité PAR LES SALARIÉS ET LES DRH

La semaine | publié le : 23.12.2014 | Virginie Leblanc

Image

Le travail à distance plébiscité PAR LES SALARIÉS ET LES DRH

Crédit photo Virginie Leblanc

Le télétravail se diffuse dans les entreprises. Une large majorité des DRH interrogés par les cabinets Mobilitis et Greenworking s’y déclarent favorables, même s’ils sont peu enclins à le formaliser. Et selon l’étude, le flex office sera le prochain chantier qu’ils auront à organiser.

L’année 2014 confirme la progression du nomadisme des salariés. « Le télétravail se développe fortement en France, 60 % des entreprises du CAC 40 l’expérimentent ou ont signé un accord », indique Cécilia Durieu, directrice associée de Greenworking, cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des projets de mise en place du télétravail. Dans une étude diffusée le 15 décembre, Mobilitis, conseil en immobilier d’entreprise, et Greenworking croisent les points de vue de 300 DRH et 900 salariés travaillant dans des bureaux dans des entreprises de plus de 50 salariés implantées dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants. L’enquête, intitulée “Nomadisme, bien-être et performance : quel bilan en 2014”, associe des données quantitatives recueillies par OpinionWay pour Mobilitis, et une analyse qualitative menée par Greenworking auprès de 24 grandes entreprises et administrations françaises, représentant plus de 10 000 télétravailleurs, qui pratiquent le travail à distance, à l’instar de Société générale, Air liquide, Axa, Groupama, la Cnav (Caisse nationale d’assurance vieillesse), le Cnes (Centre national d’études spatiales) ou encore Natixis et Siemens.

Sujet non prioritaire. « Si les DRH y voient un levier de performance et un enjeu incontestable à prendre en compte dans l’organisation du travail de demain, ils semblent toutefois encore peu désireux de formaliser cette pratique », signale l’étude : seuls 5 % des DRH envisagent de mettre en place un accord d’ici à deux ans. Pour 42 % d’entre eux, ce sujet n’est pas prioritaire.

Autre paradoxe souligné par l’étude : 90 % des DRH considèrent nécessaire de modifier le mode de management de l’entreprise pour mettre en place le travail à distance, mais seuls 10 % des DRH ayant signé un accord de télétravail ont organisé la formation des managers.

En revanche, les 24 grandes entreprises ayant instauré le télétravail ont investi dans un « accompagnement de haut niveau » et ont privilégié « un déploiement progressif et maîtrisé du télétravail, avec des phases d’expérimentation pour un nombre limité d’entités ou de salariés durant un à trois ans, voire plus », souligne Cécilia Durieu.

Managers satisfaits.

En tout état de cause, celles qui ont levé le frein culturel au développement du télétravail ont misé sur cette démarche : « Lorsque ces expérimentations sont menées, nous constatons que les managers sont satisfaits à 95 %. Ensuite, ils peuvent communiquer leur enthousiasme aux autres collègues, et présenter leur expérience devant leurs pairs », précise Cécilia Durieu.

Le flex office.

La prochaine étape ? Le développement du flex office (postes de travail non attribués), dont les avantages sont nombreux pour les entreprises : réduction des coûts – nombre de postes de travail individuels réduit de 20 % en moyenne, réallocation d’espaces individuels sous-utilisés vers des espaces collectifs traditionnellement saturés –, stimulation de la créativité et de la collaboration. L’étude souligne que le bureau devient alors un « outil de collaboration ». Même si le flex office ne concerne que 4 % des salariés français pour l’instant, ces derniers semblent prêts à l’adopter (lire l’encadré).

« Chez les clients que nous accompagnons, nous constatons que les déménagements les plus récents font une large place au flex office, comme Axa, Yves Rocher ou Sanofi », affirme Cécilia Durieu. En revanche, l’offre en termes d’espaces de travail doit alors être plus large : salles de réunion, d’échange, de créativité, comptoirs, zones permettant de s’isoler, de se concentrer, ou de se détendre. Mais ces espaces sont encore jugés très insuffisants ou parfois même inexistants par les salariés.

Pour Cécilia Durieu, le flex office est l’étape nécessaire avant que le tiers lieu puisse se développer davantage, à l’horizon 2018. Pour le moment, relève l’étude, le télétravail est quasi exclusivement pratiqué à domicile. « Aujourd’hui, les entreprises n’ont pas de budget à consacrer à un poste supplémentaire : une place dans les locaux et une autre place dans les tiers lieux, constate Cécilia Durieu. Le frein principal au développement des tiers lieux demeure le coût et, en seconde position, la confidentialité. »

L’ADHÉSION AU TRAVAIL À DISTANCE EN CHIFFRES

Un tiers des salariés déclarent travailler à distance plus ou moins fréquemment : 53 % de façon très occasionnelle (une fois par mois ou moins), 47 % plus fréquemment (au moins une fois par semaine).

25 % des salariés déclarent que leur entreprise a mis en place un accord formel de télétravail (37 % en Île-de-France).

69 % des DRH se déclarent favorables au travail à distance des salariés.

63 % des DRH l’ayant instauré reconnaissent que ce sont les salariés qui en ont été à l’initiative.

23 % des managers estiment que les services RH ont représenté un frein à sa mise en place.

85 % des salariés et 66 % des DRH pensent que le télétravail représente une opportunité pour faire évoluer l’organisation du travail.

84 % des salariés sont prêts à disposer d’un poste de travail d’une surface plus restreinte.

Et 74 % accepteraient de ne plus avoir de poste attribué au sein de leur entreprise en contrepartie d’une plus grande mobilité.

* Etude réalisée par OpinionWay auprès de 892 salariés travaillant dans des bureaux dans des entreprises de plus de 50 salariés, implantées dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants, et 305 DRH appartenant à la même typologie d’entreprises.

Auteur

  • Virginie Leblanc