Nichée au fin fond de la forêt vosgienne, à Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), la célèbre cristallerie de 230 salariés a renouvelé cet automne le recours à la méthode de recrutement par simulation (MRS) sans CV de Pôle Emploi, qui lui a permis d’embaucher quatre demandeurs d’emploi l’an dernier. Le nouveau groupe comprend six jeunes hommes et femmes qui ont signé leur contrat de professionnalisation d’un an, en novembre et décembre. « Nous comptons les transformer en CDI. Notre gestion prévisionnelle des compétences nous amène à prévoir trois autres vagues de cinq embauches chacune jusqu’en 2017, afin de remplacer les départs à la retraite et d’augmenter légèrement les effectifs, confie Patrick Walter, le DRH. Nous continuerons de recruter par la MRS et, a priori, pour les mêmes métiers qu’aujourd’hui, ceux du travail du verre à froid. Pour notre cas, la méthode s’avère plus efficace que le CV classique. Son processus par étapes successives de sélection nous permet de choisir les candidats les mieux adaptés à nos besoins, sans qu’ils possèdent de qualification dans nos métiers. Pour nos compétences les plus techniques, nous continuons à recruter parmi les diplômés des filières classiques de formation initiale de notre branche. »

Avant de lancer la MRS, les salariés de la cristallerie l’ont testée eux-mêmes. Huit d’entre eux ont passé dans son intégralité le test d’habiletés de trois heures et demie. « Cette étape a permis d’évaluer le degré d’exigence de l’entreprise et d’adapter les exercices à ses besoins. Le test a été noté sur 935 points correspondant à une prestation parfaite. Il fallait aux candidats au moins 517 points pour être sélectionnés », décrit Violaine Pace, conseillère à l’équipe MRS de Pôle emploi Alsace.

Cinq habiletés ont été identifiées, dont la dextérité dans l’exécution des gestes, l’aisance à se représenter un objet dans l’espace et l’aptitude à la polyvalence pour changer de poste. Elles ont permis par exemple à Michel Bertin, 24 ans, de décrocher un CDI qu’il n’espérait plus après quatre ans de chômage suivant son échec à l’examen au BEP de peintre en bâtiment. « Ma fibre artistique a visiblement convaincu », témoigne-t-il.

Cet automne, 17 candidats ont passé le test, dont 11 avec succès. L’entretien de motivation qui a suivi avec l’employeur aboutit au chiffre de six contrats de professionnalisation Prodiat d’Opcalia, dans le polissage et la taille de verre. Avant ces 400 heures de formation en interne chez Lalique, les heureux élus ont suivi 250 heures de POE (préparation opérationnelle à l’emploi).

Le même processus avait été mis en place pour la première vague de 2013. La détection des candidats est le fruit d’un travail en commun entre Pôle emploi et Alemploi : cette société coopérative alsacienne s’est spécialisée dans l’insertion et l’accompagnement social de personnes pas ou peu qualifiées grâce à la conception de formations sur mesure (lire Entreprise & Carrières du 3 décembre 2013). Lalique constitue l’un des modèles pour sa coopération avec Pôle emploi, formalisée le 19 novembre dernier par une convention signée dans les locaux de la cristallerie.