Fruit du colloque sur la propriété de l’entreprise qui s’est tenu en mai 2013 au Centre culturel international de Cerisy, ce livre interroge le paradoxe que représente l’entreprise, entité peu claire dans nos sociétés modernes. Peu claire, puisque, notamment, la question de savoir qui est propriétaire de l’entreprise reste un point aveugle. Celle-ci n’a d’ailleurs aucune réalité juridique, seules les « sociétés » en tant que personnes morales sont reconnues par le droit. L’entreprise a des parties prenantes multiples, au premier rang desquelles les salariés, bien sûr, les actionnaires, les partenaires commerciaux et les clients, ainsi que, plus lointainement et tout aussi important, les banques, l’État, les territoires, etc.

Ce n’est toutefois que dans la logique libérale que, peu à peu, est apparue l’idée que l’entreprise appartenait à ses actionnaires, conception qui a progressivement entraîné un partage à leur avantage de la valeur ajoutée. Cette conjoncture, qui privilégie les intérêts financiers sur ceux du travail et sur les intérêts citoyens, tend à augmenter les capacités de nuisance des entreprises : externalités négatives, chômage et, de manière plus globale, fragilisation du système économique.

Mettant en évidence le relatif vide théorique qui entoure ce lieu sacro-saint de notre réalité économique et sociale, les contributeurs tentent de définir plus rigoureusement l’entreprise et d’en modéliser le fonctionnement économique, social et imaginaire, au-delà de la diversité de ses formes.