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Sur le terrain

Santé au travail : Des kinés préviennent les TMS à l’Adapei 44

Sur le terrain | publié le : 20.01.2015 | Solange de Fréminville

L’Adapei 44, qui gère des établissements médico-sociaux, expérimente une approche innovante de prévention des TMS : elle combine kinésithérapie et ergonomie, suivi individuel et actions collectives, pour mieux répondre aux besoins de chaque salarié.

Inquiète du développement des troubles musculo-squelettiques (TMS), l’Adapei 44, qui administre 50 établissements médico-sociaux, a adopté en juin 2014 une démarche innovante grâce au financement de l’agence régionale de santé des Pays de Loire. Alors que les actions classiques de prévention des TMS agissent sur l’environnement professionnel, cette approche est axée sur l’individu, avec pour moyen d’action principal la kinésithérapie.

Quatre sites d’expérimentation

L’Adapei 44, qui emploie 1 600 salariés, expérimente la méthode dans quatre sites : trois établissements et services d’aide par le travail (Ésat) spécialisés dans l’entretien des espaces verts, et un foyer d’accueil médicalisé (FAM), où travaillent au total 66 salariés. La démarche, conçue par TM Institute, commence par une étude ergonomique, qui permet de cerner les facteurs biomécaniques des TMS et l’organisation du travail, et par une action de sensibilisation collective. Au cours d’une séance d’une demi-journée dans chaque site, un coach s’efforce de mobiliser les salariés. « Nous leur expliquons la démarche en la situant dans leur environnement de travail. Un jeu de cartes permet de susciter des questions et d’y répondre. L’enjeu est que les salariés acceptent de confier leur corps à un kiné et qu’ils deviennent acteurs de la prévention », expliquent Thierry Marc, kinésithérapeute, et Marie-Claire Michelon, ergonome, de TM Institute. Ensuite interviennent les kinés. Chaque salarié bénéficie d’un bilan individuel complet, puis de séances régulières d’observation (et de soin, si nécessaire) à un rythme mensuel.

Les données recueillies lors de ces séances sont analysées par TM Institute, puis des synthèses anonymes sont fournies à la direction. Le kiné conseille des exercices individuels, mais également des échauffements collectifs, à faire avant la prise de poste. « Il faut les adapter à leur situation personnelle. Des exercices mal conçus peuvent provoquer des douleurs », précise Thierry Marc.

Moins de douleurs

Parallèlement sont mis en place des ateliers de managers, à trois reprises : les directeurs de site, les chefs d’équipe et les membres du CHSCT échangent sur l’organisation du travail pour dégager des pistes d’amélioration. Ils ont découvert, par exemple, qu’un Ésat utilisait des outils plus légers, moins vibrants, et donc moins générateurs de TMS : un modèle à suivre pour les autres.

« Les résultats sont très encourageants, estime Julien Zammit, chargé de mission hygiène et sécurité de l’Adapei 44. Les gênes et les douleurs ressenties diminuent. Les échauffements collectifs ont également un impact très positif sur l’ambiance. » Si les gains ont été rapides dans les Ésat, ils sont plus lents dans le FAM. « Les salariés sont très investis, très dévoués, or c’est un travail difficile, avec un public lourdement handicapé. On va les aider à s’organiser pour mettre en place les échauffements collectifs et faire des pauses », explique Julien Zammit.

L’association a décidé d’étendre l’expérimentation, qui s’achève en janvier 2015, à d’autres établissements, toujours avec le soutien financier de l’agence régionale de santé. « La démarche a de bons résultats, on note des améliorations », confirme Stéphane Baboneau, élu du CHSCT, qui applique également la méthode PRAP (prévention des risques liés à l’activité physique) recommandée par la Carsat, d’où cette nuance : « À mon avis, les deux approches sont complémentaires, car l’une s’intéresse à l’individu, l’autre vise à aménager le poste de travail. »

Auteur

  • Solange de Fréminville