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« Marchands de travail »

Les livres | publié le : 27.01.2015 | Pauline Rabilloux

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« Marchands de travail »

Crédit photo Pauline Rabilloux

Une critique DU TRAVAIL EN INTÉRIM

Nicolas Jounin et Lucie Tourette Seuil, 90 pages, 5,90 euros

Le marchandage de la main-d’œuvre – « opération à but lucratif de fourniture de main-d’œuvre qui a pour effet de causer un préjudice au salarié » – est un délit puni par la loi. Les agences de travail temporaire qui fournissent aux entreprises de la main-d’œuvre contre rétribution sont bien sûr légales. À travers le portrait de professionnels de l’intérim – Samira, Samuel, Philippe, Daniel, Étienne –, les auteurs, l’un sociologue et l’autre journaliste, montrent que la distinction entre les deux métiers n’est pas toujours évidente.

Du point de vue de l’agence qui l’emploie, un « bon » intérimaire est quelqu’un d’immédiatement disponible, qui coûte le moins cher possible, qui n’a pas d’accident ou qui le cache, et dont on peut se débarrasser quand il ne donne plus satisfaction. Mais ça, c’est la “loi” de l’intérim : par définition, le travail vendu est temporaire. Conclusion ? Les meilleurs intérimaires sont les travailleurs sans-papiers qui n’ont intérêt ni à broncher ni à revendiquer ni à se faire emmener à l’hôpital en cas de problème.

« C’est un peu mafieux quand même notre métier », reconnaît l’un des professionnels interrogés sans s’en émouvoir.

Commerce de la force de travail, l’intérim a, pour les agences spécialisées, l’avantage de ne pas les obliger à acheter d’abord ce qu’elles vendent. Le stock de marchandise pudiquement renommé “portefeuille” ne se dévalorise pas avec le temps. D’ailleurs, le marché de l’emploi sous-qualifié n’est pas près de tarir. Voilà une description sans complaisance d’un système qui fournit chaque année l’équivalent de plus de 500 000 emplois à temps plein.

Auteur

  • Pauline Rabilloux