DEVENU PLUS FLEXIBLE, le travail tend à s’émietter, remettant en cause l’idée selon laquelle la forme standard d’emploi serait celui à temps plein et à durée indéterminée. Certes, en Europe occidentale, l’emploi au long cours reste majoritaire, à la différence de ce qui se passe aux États-Unis, où le contrat de travail peut être interrompu à tout moment. Cependant, même sur le Vieux Continent, l’ingéniosité du législateur pour inventer des formes juridiques nouvelles, bousculant ce qui semblait une norme sociale, semble sans limite : mini-jobs allemands, contrat zéro heure ou contrats salarié-actionnaire en Grande-Bretagne, travail pseudo-indépendant partout…

L’auteure, professeure de droit à la Sorbonne, y voit l’effet d’un discours politique libéral plus qu’une nécessité économique. Si la flexibilité est devenue une réalité, notamment pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, la flexicurité reste un mythe à de rares exceptions près. Après avoir fait l’inventaire des formes d’emploi flexibles en Europe et aux États-Unis dans une première partie, l’auteure détaille en seconde partie l’incidence négative de ceux-ci sur les droits sociaux. Pour être à la hauteur des promesses qu’on y avait associées en termes de travail et d’emploi, la flexibilité demanderait des adaptations du droit du travail et de la sécurité sociale allant bien au-delà des ajustements actuels.