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L’enquête

UNE PÉPINIÈRE INTERNE POUR APPRENDRE À ENCADRER

L’enquête | publié le : 28.04.2015 | NICOLAS LAGRANGE

À intervalles réguliers, la société de cuisines et salles de bain accompagne une dizaine d’ouvriers pour leur permettre de devenir agent d’encadrement. À la clé, une promotion quasi systématique.

Dossier de candidature, tests d’aptitudes et de personnalité, oral face à un jury… Ils sont actuellement une trentaine à vouloir intégrer la quatrième “pépinière d’entreprise” de la société Fournier, plus connue sous le nom de ses marques de cuisine et salles de bains Mobalpa, SoCoo’c et Perene. Plus d’une trentaine d’ouvriers pour une dizaine de places, avec la promesse d’une formation sur douze mois, à partir de septembre.

« Notre dispositif vise à développer le potentiel d’organisation, l’esprit d’équipe et les compétences managériales d’opérateurs de production pour les conduire vers des postes d’encadrement, dont nous avons besoin, explique le DRH, Sylvain Brisedou. Cela repose sur le volontariat et sur une forte motivation. » Une volonté que traduisent les diverses étapes de la candidature : mini-CV et lettre de motivation, tests de culture générale et de maths, test de personnalité avec une soixantaine de questions (dont l’analyse des points forts et des échecs) et, enfin, présentation de ses attentes devant un jury composé d’un RRH, d’un manager de production et de la responsable formation.

DÉTECTION DU SAVOIR-ÊTRE

Depuis sa création en 1999, le dispositif est soutenu par la CFDT (largement majoritaire), et d’ailleurs intégré à l’accord de GPEC de 2010 (renouvelé en 2013). « Les salariés sont satisfaits que l’entreprise se préoccupe de leur évolution de carrière », assure Éric Lafrasse, délégué syndical. Un dispositif ajusté au fil du temps aux besoins de la société : « Pour départager les candidats, il n’y a plus de note minimale requise aux tests d’aptitude, nous sommes davantage dans la détection du savoir-être », commente Laurence Tible, adjointe à la direction des ressources humaines.

Ainsi, le parcours de formation des dix heureux élus, en cours de finalisation, mixe les modules techniques et l’apprentissage des soft skills. À raison de deux à trois jours consécutifs par mois pendant un an, les “pépiniéristes” découvrent les outils de bureautique, de pilotage d’équipe, de productivité et de qualité, apprennent à animer des réunions, appréhendent l’environnement interne, les divers systèmes organisationnels et visitent d’autres entreprises. « Avant, nous leur demandions de travailler sur des projets personnels, ajoute Sylvain Brisedou ; désormais, il s’agit de projets collectifs développant la coopération. »

Ce programme dense, qui coûte près de 6 000 euros par salarié, nécessite de leur part une forte implication. « Ceux qui ont perdu l’habitude des formations présentielles doivent apprendre à rester concentrés durant une journée sur des sujets nouveaux, estime Laurence Tible. Ils doivent concilier leur métier, la formation et leur vie personnelle. » En fait, l’entreprise n’a enregistré que deux abandons lors des trois sessions précédentes (1999-2000, 2004-2005 et 2008-2009)… malgré l’absence de promotion automatique à l’issue du parcours. « Il y a une promesse d’être mis en avant par sa propre démarche, mais aucune garantie de plan de carrière, affirme Sylvain Brisedou. D’abord parce que nous n’avons pas dix postes disponibles immédiatement, ensuite parce que tous les salariés ne sont pas au même niveau après leur accompagnement. Mais, au bout d’un an en moyenne (cela peut être six mois ou deux ans), environ 90 % d’entre eux bénéficient d’une progression de carrière et d’une augmentation de salaire, grâce à un travail d’anticipation sur l’évolution des métiers, des compétences et des emplois. »

Une réussite que confirme Éric Lafrasse : « Sur 38 “pépiniéristes”, si l’on met de côté les démissions intervenues, trois seulement n’ont pas connu d’évolution significative et un a simplement changé d’atelier. Par ailleurs, la pépinière est intéressante pour les candidats non retenus, parce qu’ils peuvent mettre en avant leurs envies et leurs compétences. » « Les postulants non sélectionnés peuvent parfois être promus dans les services administratifs, qualité ou marketing », confirme le DRH.

Mise en exergue dans les communications internes, la pépinière fait aujourd’hui des émules parmi les personnels hors production (près de la moitié des effectifs), qui aimeraient bénéficier de possibilités d’évolution de carrière comparables.

REPÈRES

Activité

Fabrication et vente de cuisines, salles de bain et rangements.

Effectif

1 100 salariés.

Chiffre d’affaires 2014

252 millions d’euros.

Auteur

  • NICOLAS LAGRANGE