CONTRAIREMENT À CE QUI SE PASSE PAR EXEMPLE EN ALLEMAGNE, l’État en France doit intervenir pour réglementer le travail, car les partenaires sociaux ne parviennent pas à s’entendre. Théoriquement, tout le monde semble d’accord sur la nécessité du dialogue social. Pratiquement, la France reste un pays où la méfiance entre les patrons et les salariés est maximale malgré les valeurs néolibérales et méritocratiques largement partagées. Pourtant, selon l’auteur, professeur associé à Propedia (groupe IGS), spécialiste de l’audit social, le dialogue social est une exigence démocratique incontournable. Avant de voir par quelles voies il pourrait s’imposer comme mode de régulation, l’auteur tente d’abord de préciser les termes, d’analyser en quoi la mauvaise qualité du dialogue social pénalise notre économie et quelles sont les raisons historiques expliquant son dysfonctionnement. Il prend délibérément le risque de bousculer en la matière aussi bien les certitudes du patronat, trop souvent persuadé qu’il n’a de compte à rendre qu’aux actionnaires, que celles des syndicalistes convaincus qu’ils détiennent seuls les clés du progrès social, quand ils s’obstinent à faire barrage aux exigences des patrons au nom d’une vulgate qui reste largement d’inspiration marxiste.