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L’enquête

Auchan : Négociation centralisée et appropriation locale

L’enquête | publié le : 08.09.2015 | E. F.

L’application des accords, négociés au niveau central du groupe de grande distribution, ne rencontre pas de difficultés en dépit de la taille et de la dispersion de l’entreprise. La direction craint davantage la multiplication des changements législatifs.

À Auchan France, qui regroupe les activités hypermarchés de l’enseigne, toutes les négociations sont réalisées au niveau national. L’enjeu, pour l’entreprise de 54 000 salariés, est donc de faire “descendre” les accords dans les 140 établissements (au sens juridique) répartis sur toute la France. Pour cela, la direction dispose de relais : « Quand un accord est signé, nous affichons une “actu RH” dans tous les établissements, expliquant pourquoi nous avons signé et ce que contient l’accord, décrit Sofi Turgard, directrice des affaires sociales (DAS). Les textes sont également accessibles à tous les salariés sur notre site Neo Connect. »

Presque tous les établissements disposent d’un responsable RH ; ces 140 RH de proximité sont réunis en conférence téléphonique par la DRH centrale pour se faire expliquer chaque accord : « Quand le sujet est technique, par exemple l’intéressement ou la mutuelle, il peut y avoir un accompagnement au plus près des RRH par l’équipe des affaires sociales, qui met en place des réunions téléphoniques avec présentation du sujet et réponse à leurs questions, ou qui peut intervenir lors de réunions en présentiel ou par téléphone organisées par les DRH opérationnels [régionaux] » , explique la DAS.

Pour les accords pluriannuels, des comités de suivi sont prévus. Lorsque le sujet est particulièrement épineux, comme le temps de travail, la direction organise des foires aux questions, « afin d’expliquer et de rassurer ». Auchan, qui en est à son 7e accord handicap et affiche 6 % de travailleurs handicapés, a dédié une personne au sujet pour accompagner les RRH. À noter que les syndicats disposent conventionnellement d’heures de délégation pour préparer la négociation et assister à l’intervention d’un expert.

S’approprier les accords

Sofi Turgard dit ne pas rencontrer de difficultés particulières pour déployer les accords, n’était-ce la prévisible inertie d’une grande entreprise dispersée sur tout le territoire : « Nous sommes comme un gros bateau lorsqu’on tourne sa barre ; modifier sa trajectoire prend du temps. » Bruno Delaye, délégué central CFTC, et à ce titre négociateur, confirme qu’« il faut du temps aux RRH pour s’approprier l’accord ; il y a des délais d’information et de formation, il faut mettre en place des outils de reporting ». Mais il admet que les représentants du personnel aussi peinent à s’approprier les accords : « Il faut du temps pour lire un texte de 25 pages avec des termes juridiques, avoir une grille de lecture et en comprendre le sens. Je suis parfois déçu de voir qu’un accord pourtant bien fait n’est pas bien compris localement. »

Dès lors, pourquoi ne pas décentraliser la négociation ? « On y réfléchit, mais la direction ne veut pas en entendre parler, explique le DRS. Sur le travail du dimanche par exemple, la direction applique des textes nationaux ; pourtant, il aurait pu y avoir des négociations locales avec des compensations différentes selon les hypermarchés. » Sofi Turgard défend pour sa part la négociation centralisée au nom de l’équité entre salariés. « S’il devait y avoir des fiches de paie différentes d’un établissement à l’autre, ce serait ingérable », ajoute-elle.

Beaucoup de réglementations à adapter

Selon elle, la plus grande difficulté réside en fait dans l’enchaînement des lois : « Depuis quelques années, il y a beaucoup de réglementations à adapter. Ces nouveaux changements doivent faire l’objet d’une appropriation et de procédures supplémentaires par les RRH, en majorité non juristes, dont le cœur de métier doit rester centré sur les ressources humaines : formation, gestion de carrière, recrutement… »

Repères

Activité

Grande distribution.

Effectif

54 000 salariés en France.

Chiffre d’affaires 2014

63 milliards d’euros.

Auteur

  • E. F.