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Sur le terrain

Royaume-Uni : RMT, le syndicat qui fait (encore) trembler Londres

Sur le terrain | International | publié le : 08.09.2015 | Stéphanie Salti

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Royaume-Uni : RMT, le syndicat qui fait (encore) trembler Londres

Crédit photo Stéphanie Salti

Le syndicat des transports RMT, qui menace d’une nouvelle grève capable de bloquer Londres cette semaine, est l’un des derniers à tenir tête au gouvernement britannique. Mais le durcissement du droit de grève, décidé au cœur de l’été, pourrait l’affaiblir.

Il s’en est fallu de peu pour que la fin du mois d’août ne se transforme en un nouveau cauchemar pour les usagers du métro londonien, après les débrayages de début août. Assurés de concessions obtenues sur les salaires, l’emploi et le travail de nuit, les syndicats Unite, RMT et TSSA ont finalement suspendu un mouvement de grève qui menaçait de paralyser une fois de plus le fameux Tube, le métro londonien. Mais la menace plane encore, a prévenu le leader du National Union of Rail, Maritime and Transport Workers (RMT). En l’absence d’accord final sur les conditions de mise en œuvre d’un nouveau service de nuit, de nouveaux mouvements sont programmés les 8 et 10 septembre, contraignant l’autorité en charge des transports publics londoniens (Transport for London) à différer l’entrée en vigueur de ce programme, initialement prévue le 12.

Les grèves à répétition dans le métro sont très peu représentatives de la tendance actuelle : si 2011 avait vu 1,4 million de jours de travail perdus à la suite d’importants mouvements sur le sujet des retraites dans la Fonction publique, seules 788 000 journées de travail ont été perdues l’an dernier au Royaume-Uni, selon l’Office national de la statistique (ONS).

Une force incontournable

Dans un paysage syndical devenu atone après les années Thatcher, le militantisme du RMT détonne. Si le nombre de ses adhérents ne se compare pas à celui de Unite – le syndicat le plus important outre-Manche, avec 1,4 million de membres –, il reste cependant une force incontournable dans le monde du transport. Outre sa capacité à paralyser une ville, RMT bénéficie de l’héritage laissé par son précédent secrétaire général, Bob Crow, à la manœuvre entre 2002 et son décès en mars 2014. Sous la houlette de ce costaud, fils de docker, défenseur de la working class britannique et capitalisant les négociations salariales avantageuses, RMT a vu son nombre d’adhérents passer de 57 000 à 80 000… Jugées parfois brutales, ses méthodes qui, selon ses détracteurs, consistaient à brandir le spectre de la grève avant tout dialogue, l’ont opposé aux gouvernements successifs sans distinction de couleurs politiques. Son remplaçant, Mick Cash, pourtant considéré comme modéré, suit la même ligne.

Sans surprise, RMT a été parmi les plus virulents à condamner le dépôt d’un projet de loi, mi-juillet devant la Chambre des communes, visant à limiter le droit de grève. Sous le nom de Trade Union Bill, le projet stipule qu’une grève ne sera légale qu’à la condition que 50 % des salariés concernés participent au scrutin. Selon les règles actuelles, une simple majorité des voix exprimées suffit. Dans les services publics, et plus spécifiquement dans les domaines de la santé, l’éducation, les transports, la sécurité des frontières, l’énergie et chez les sapeurs-pompiers, les exigences seront encore plus rigoureuses : 40 % des salariés au total devront approuver la grève. Le projet de loi fixe un délai maximal de quatre mois après tout vote pour l’organisation d’une grève ; laquelle sera assujettie à un préavis de 14 jours. Les employeurs seront autorisés à recourir à du personnel intérimaire durant la grève.

« La réponse du gouvernement reflète les actions des régimes d’extrême-droite au cours de l’histoire, lesquelles ont consisté à entraver les syndicats, criminaliser leurs membres et utiliser une série de nouvelles lois pour essayer de mener à la faillite les associations de travailleurs », a commenté Mick Cash. L’introduction de cet arsenal législatif pourrait bien sonner le glas de l’action syndicale militante outre-Manche. Y compris pour RMT.

DANS LES MÉDIAS

People Management. Le living wage en débat

Justin King, anciennement directeur général de Sainsbury’s, a averti des dommages sur l’emploi que pouvait entraîner l’imposition, dès avril 2016, d’un salaire de subsistance (living wage) à hauteur de 7,20 livres. Selon lui, des pertes d’emploi substantielles découleraient de cette obligation qui « ne se justifie pas d’un point de vue économique ». 1er septembre. People Management, mensuel professionnel du secteur RH.

The Guardian. Avantage salarial pour les jeunes femmes

L’écart de rémunération entre hommes et femmes au Royaume-Uni serait à l’avantage de ces dernières au début de leur carrière professionnelle. Selon des données compilées par la Press Association entre 2006 et 2013, les femmes de 22 à 29 ans gagnent par an en moyenne 1 111 livres de plus que les hommes dans la même tranche d’âge. Cet avantage disparaîtrait après 30 ans : selon les mêmes données, un homme de cet âge perçoit 8 775 livres de plus qu’une femme. 29 août. The Guardian, quotidien généraliste.

Auteur

  • Stéphanie Salti