Depuis le début du mois de décembre 2015 est testé à l’hôpital de la Croix-Rousse un service de conciergerie d’entreprise qui sera déployé dans tous les hôpitaux des Hospices civils de Lyon, si sa direction le juge concluant. Le projet a de quoi séduire. Il consiste à proposer une trentaine de prestations diverses, aussi bien aux patients qu’aux personnels administratifs et hospitaliers. La plate-forme de réservation permet de faire entrer à l’hôpital des services qui n’existeraient autrement qu’en s’absentant de l’établissement.

Les solutions de confort affichées pour les patients ont donc été également pensées comme un gain de temps pour les agents. Il est ainsi possible de se faire livrer de l’alimentation, de confier son linge au pressing, de faire garder son animal de compagnie, de s’offrir un massage ou un soin d’esthétique. Trois guichets ont été installés : au bureau des entrées, dans le bâtiment médico-chirurgical et dans celui de la maternité.

Moins d’un mois après le lancement, le directeur de l’hôpital, Jean-Claude Téoli, n’avait pas encore tiré de bilan significatif du recours à ce service. Sinon que les agents se fournissaient d’abord en pain, plateaux-repas et service de blanchisserie. Mais il en parle comme d’un « vrai plus pour faciliter la vie des personnels ». « Une fois qu’on a quitté son lieu de travail, explique-t-il, on préfère éviter de faire des détours chez les commerçants. Bien utilisés, les services d’une conciergerie permettent de rentrer chez soi complètement disponible pour sa vie privée. »

L’opérateur choisi pour cette expérience est Happytal, dont les dirigeants sont d’anciens consultants de McKinsey, cabinet désigné par les Hospices civils de Lyon pour les aider à réaliser leur programme de réduction des coûts et d’efficacité opérationnelle. La conciergerie est d’ailleurs censée améliorer les recettes de l’institution (endettée à plus de 800 millions d’euros).

Attaché au dogme du service public, et nonobstant une possible amélioration des conditions de travail des agents, SUD est opposé à cette initiative : « Nous ne sommes n’est pas favorables à l’entrée du privé à l’hôpital », tranche une porte-parole. Par ailleurs, elle désapprouve « cette méthode commerciale consistant à offrir des corbeilles de fruits aux cadres de services pour qu’ils fassent la promotion de la conciergerie en interne ».

Du côté des praticiens, le D^r Nicole Smolski, directrice générale de l’intersyndicale de médecins Avenir hospitalier, estime que « c’est une bonne idée » pour les salariés et que « les prix affichés ne sont pas très élevés ». Hormis pour les patients, dit-elle : « Le forfait jour est subitement passé à 74 euros », au lieu de 64 euros. « Cette décision en a choqué beaucoup ».