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Sur le terrain

Espaces de travail : nomadisme en interne chez Bayer

Sur le terrain | Pratiques | publié le : 23.02.2016 | Véronique Vigne-Lepage

Une extension du siège lyonnais de Bayer est l’occasion pour le groupe chimique d’expérimenter un nouveau concept d’aménagement et d’utilisation des espaces de travail. Chaque jour, les salariés changent d’environnement.

Le siège de Bayer France, où travaillent 850 salariés, à l’étroit dans son bâtiment du 9e arrondissement de Lyon, s’est étendu, en septembre dernier dans un immeuble voisin, le Murano. Les 45 collaborateurs des services transférés (comptabilité, fiscalité, contrôle de gestion, performance des processus et communication) expérimentent un nouveau concept de cadre de travail devant favoriser la communication et la créativité : The workplace of the future.

Ce projet fera l’objet, à partir d’avril ou mai 2016, d’un audit dont les modalités ont été déterminées, début février, avec le CHSCT : il sera réalisé en interne, de manière anonyme et en ligne. Les questions porteront notamment sur l’ergonomie, sur les conditions de travail et sur la participation des salariés au projet. Si les résultats sont satisfaisants, il sera proposé à tous les sites français de Bayer. D’ici là, la direction demande aux occupants du Murano d’indiquer chaque matin leur humeur par un smiley.

Dès avril 2015, les salariés appelés à être transférés ont constitué des groupes de travail sur différents points du projet. Au centre de la réflexion, le “nomadisme”, c’est-à-dire qu’aucun bureau ne soit plus attitré. D’autant que deux services expérimentent le télétravail deux jours par semaine. « Nous voulons éviter la routine, explique Rodolphe Spina, directeur administratif et financier, pilote du projet. Cependant, nous prévoyons autant de bureaux que de personnes, car les métiers concernés ont des pics d’activité. » Un sondage ayant révélé une réticence du service communication, ses dix membres restent sédentaires.

Des places tirées au sort

Les autres salariés récupèrent chaque matin les caissons mobiles dans lesquels sont rangées leurs affaires. Ceux-ci ont été conçus avec un ergonome, qui est également intervenu sur l’éclairage et l’isolation phonique. « Ensuite, en consultant un écran, nous choisissons un bureau disponible, témoigne Gaëtan Laurent, business partner comptable. Une fois installé, on enregistre son numéro dans le système. » Le vendredi, les places sont tirées au sort pour éviter que ne se recréent des habitudes.

Des espaces spécifiques

« L’open-space nous paraissait trop bruyant ou alors tellement silencieux qu’on n’y communique plus », relève Rodolphe Spina. L’objectif est donc de proposer aux salariés des espaces de travail variés : pièce individuelle ou à deux ou trois places, dispositions diverses, tables réglables pour travailler assis ou debout. Deux bureaux pliables avec tableau blanc permettent également d’improviser des réunions. D’autres espaces spécifiques ont été conçus : une salle de réunion avec visioconférence high-tech, un espace ludique (jeux vidéo, baby-foot), un espace zen (fauteuils bulles, bibliothèque, coin sieste) et une cuisine-salon.

Selon Luc Juchat, secrétaire (CFDT) du CHSCT, « il est agréable de constater qu’il n’y pas de phénomène de vilain petit canard. Le nomadisme se passe bien et semble même améliorer la communication… Même si les cadres s’attribuent souvent des espaces individuels ».

Pour faciliter encore la communication, les espaces sont vitrés, et un challenge par équipes incite les salariés à réaliser 10 000 pas par jour*, pour leur santé mais aussi pour qu’ils aillent « rencontrer les clients internes ». Pour cela, une montre-podomètre connectée leur est proposée. Selon Rodolphe Spina, 80 % des collaborateurs l’utilisent.

Consulté sur l’ensemble du projet – mais « un peu tardivement », selon Luc Juchat –, le CHSCT n’a rejeté qu’une idée, celle de la luminothérapie. « Mais nous serons vigilants sur les bilans et l’éventuelle généralisation du nomadisme et du télétravail », prévient le responsable syndical. D’ores et déjà, Rodolphe Spina observe que the workplace of the future semble favoriser une approche en réseau et la créativité : des salariés ont proposé l’achat de ballons de pilates, délassants pour le dos, et le remplissage d’un panier de fruits s’organise spontanément… Selon lui, les investissements liés au projet, « qui auraient de toute façon été faits », trouveront un retour à travers la motivation et le bien-être des salariés… impossibles à mesurer.

* Recommandation de l’OMS pour être en bonne santé.

Auteur

  • Véronique Vigne-Lepage