C’était l’une des mesures du nouveau contrat social (NCS) signé en 2013, et, peut-être, du prochain accord, nouvel élan pour la croissance (NEC), en cours de négociation. Le Daec, ou dispositif d’adéquation des emplois et des compétences, rythme la gestion des effectifs de tous les sites hexagonaux de PSA.

Daec, quésaco ? Intégré dans la partie GPEC de l’accord NCS, il en constitue l’une des composantes, susceptible d’être engagée « en cas de transformation collective » et « dès lors que les mesures courantes de GRH ne s’avèrent pas suffisantes ». Le Daec complète les mesures de mobilité interne individuelle ou collective, et les mesures de mobilité externe sécurisée à l’initiative du salarié. Toute cette panoplie de « solutions innovantes » devant prévenir au maximum les PSE, tels que ceux conduits à Rennes et Aulnay courant 2013, et même les plans de départs volontaires.

Pourtant, à certains égards, le Daec se rapproche d’un plan de départs volontaires (PDV), dont il épouse le cadre juridique. « Le Daec donne lieu à une consultation des instances et à une homologation par la Direccte de façon centralisée », précise Bruno Bertin, DRH France. En outre, ces mesures visent à réduire le volume des postes, la plus utilisée restant le congé seniors avec dispense d’activité, rémunéré à 70 % du salaire brut et accessible jusqu’à trois ans avant le départ à la retraite.

Mais il s’en distingue également par d’autres aspects. Le Daec a une dimension qualitative, reprend Bruno Bertin : « Les observatoires des métiers, paritaires, se réunissent plusieurs fois par an en central ou en local, afin de définir, site par site, parmi nos 110 métiers, ceux qui sont en tension, à l’équilibre ou sensibles. L’objectif est aussi d’amener les salariés exerçant des fonctions en décroissance vers les métiers où nous avons identifié des besoins. C’est un outil d’anticipation de nos transformations. »

Et puis les mesures, continue-t-il, visent à « sécuriser les parcours et les projets des salariés, tant en interne qu’en externe ». De fait, le Daec s’appuie sur des outils sophistiqués. Comme le programme de reconversion interne baptisé “Top compétences”, les mobilités externes sécurisées ou encore le “Passeport de transition et de mobilité professionnelle”. Ce passeport permet aux salariés ayant une promesse d’embauche dans une autre entreprise de bénéficier de plus de 300 heures de formation. « La personne bénéficie d’un droit au retour en cas d’échec de sa formation ou de la période d’essai de son nouvel emploi », explique le DRH. Pour organiser ces transitions, des plates-formes territoriales de mobilité ont été déployées dans les bassins d’emploi où le constructeur est implanté.

L’autre spécificité du Daec, c’est sa durée. Depuis 2013, il n’a cessé d’être renouvelé. Pour 2016, l’objectif annoncé est de 1 600 congés seniors, 1 050 mobilités externes, 400 congés longue durée et 3 800 mobilités internes, dont 300 reconversions. En 2015, environ 2 000 personnes ont opté pour un congé seniors et autant pour une mobilité externe. « Et nous avons enregistré 5 600 mobilités internes, tout dispositif compris ; un record », se réjouit Bruno Bertin. Selon les cas, les mesures ont pu être rendues plus incitatives sur certains sites (le congé seniors est allongé à cinq ans sur les sites de Rennes, Poissy et Saint-Ouen), ouvertes aux métiers à l’équilibre pour intensifier les mobilités internes, ou restreintes en cas d’objectifs atteints. Le Daec se veut donc un dispositif modulable.

Une flexibilité qui interroge, également, du côté syndical. La CFTC voudrait aujourd’hui « redonner du sens à une vraie GPEC, selon Emmanuel Chamouton, responsable syndical sur le site de La Garenne. Le Daec, c’est l’utilisation conjoncturelle d’un processus structurel, une gestion quantitative et non prévisionnelle de la GPEC. On a vu parfois des métiers sensibles devenir en tension quelques mois après, en fonction d’un changement de stratégie ».

Christian Lafaye, délégué syndical central pour FO, remarque de son côté que le Daec « fait désormais partie du quotidien. Si l’on cessait les congés seniors, ce serait un tremblement de terre. C’est le piège de cet instrument ». Dans la négociation sur le NEC, il réclame l’embauche de 1 000 CDI, pour contenir aussi l’augmentation de l’intérim. Lequel reste, rappelle-t-il, « l’autre grande variable d’ajustement de l’emploi ».

Activité

Constructeur automobile.

Effectifs

184 000 salariés dans le monde dont 79 000 en France.

Chiffre d’affaires

54,7 milliards d’euros en 2015.