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Des cadres d’Airbus prennent des jeunes défavorisés sous leurs ailes

Zoom | publié le : 12.07.2016 | Solange de Fréminville

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Des cadres d’Airbus prennent des jeunes défavorisés sous leurs ailes

Crédit photo Solange de Fréminville

Dans le cadre de sa politique en faveur de la diversité, Airbus propose à ses cadres de parrainer des jeunes issus de quartiers prioritaires et de zones rurales, en partenariat avec trois associations, Nos quartiers ont des talents, Passeport Avenir et Capital Filles. Un engagement dont les bénéfices sont individuels et collectifs.

« Je veux leur ouvrir les yeux, le champ des possibles, et leur mettre le pied à l’étrier. On peut se censurer dans ses choix d’orientation et ses choix professionnels quand on est une jeune fille de milieu défavorisé. J’amène mes filleules à se questionner, à diversifier leurs projets, je les encourage. » Anna-Gaëlle Blin, acheteuse depuis 2011 à Airbus, s’est coulée sans difficultés dans son rôle de marraine de lycéennes pour l’association Capital Filles. Elle est sensible à l’intérêt des liens créés, aux ouvertures que cela permet, et convaincue de « la responsabilité d’Airbus, un groupe de dimension européenne, qui doit donner leur chance à des jeunes ».

Parrainage individuel

Le groupe aéronautique a rejoint Capital Filles il y a deux ans comme partenaire fondateur. L’association recrute parmi les salariées des marraines bénévoles pour aider des adolescentes de milieu populaire, inscrites dans des filières professionnelles et technologiques, à poursuivre leurs études après le bac en ayant recours à l’apprentissage. Pour faire le lien avec les lycées, l’avionneur a détaché auprès du rectorat une cadre du service RH, à plein temps, avec le titre d’ingénieure pour l’école, au sein de la mission école-entreprise de la Délégation académique à la formation professionnelle initiale et continue (Dafpic). Airbus a signé deux autres conventions avec Nos quartiers ont des talents (NQT) en 2010 et Passeport Avenir il y a deux ans. Le principe est le même : le parrainage individuel de jeunes issus de quartiers prioritaires ou de zones rurales pour favoriser l’accès aux études supérieures, des parcours réussis et, pour NQT, leur insertion professionnelle à leur niveau de qualification. Seuls l’âge, le genre des publics ou le niveau d’études diffèrent. Chacune des associations affiche des résultats probants en termes de réussite aux examens et concours et, pour les étudiants, d’insertion professionnelle.

À Toulouse, où Airbus emploie 21 000 salariés, dont 50 % de cadres, les parrains et marraines sont encore en très petit nombre, mais le groupe assure qu’il va encourager cet engagement (lire l’encadré). Au total, on compte actuellement une soixantaine de cadres impliqués dans un parrainage ; 28 pour Capital Filles, 23 avec NQT et une dizaine avec Passeport Avenir. « Leur mission est simple : avant tout donner confiance à leur filleul, mais aussi lui expliquer les codes de l’entreprise, lui ouvrir leurs réseaux et, pour Capital Filles, l’aider dans leur orientation post-bac », résume Véronique Baudry, détachée par Airbus auprès du rectorat.

Chaque année, le service RH et les associations font appel au volontariat et organisent des réunions d’information. Les candidats au parrainage choisissent une association et, pour ceux qui sont enrôlés par Capital Filles et Passeport Avenir, suivent une formation d’une journée. Celle-ci, de même que les réunions collectives organisées dans l’entreprise ou à l’extérieur, notamment pour échanger avec d’autres parrains et marraines, se déroulent sur le temps de travail.

S’adapter aux besoins de chaque jeune

Les tuteurs s’engagent à rencontrer régulièrement leur filleul pendant l’année scolaire, durant une heure et demie à deux heures, une fois par mois ou tous les deux mois, en fonction des disponibilités de chacun. « Je les vois le matin ou le soir en dehors du temps de travail et à l’extérieur, plus ou moins selon leurs disponibilités, parfois très peu, parfois une à deux fois par mois. Entre les rendez-vous, on échange par e-mail », témoigne Cécile Contie, responsable qualité et marraine Passeport Avenir, dont l’engagement prend sa source dans son propre cheminement. « Il m’est arrivé de rencontrer des gens qui m’ont permis de réfléchir différemment, qui m’ont mis en contact avec des personnes de leur réseau. Cela m’a beaucoup servi et j’ai envie de rendre à mon tour ce qui m’a été donné », confie-t-elle. Discussions à bâtons rompus sur les envies du filleul, son projet, conseils pratiques sur le CV ou la préparation d’un entretien, conseils d’orientation… Le principe est que le tuteur s’adapte aux besoins de chaque jeune. En cas de difficultés, d’absence imprévue, voire de rupture des liens, l’association sert de recours.

Cette action de parrainage est un visage concret donné à la politique de diversité du groupe Airbus, qui a déjà engagé d’autres moyens : participation au programme intergénérationnel Octave et aux Elles du Futur déployées pour des collégiennes du réseau prioritaire ; signature de la charte Entreprises et Quartiers en 2015. « Une équipe équilibrée, diverse, sera toujours plus performante. Quand on a plusieurs angles de vue dans un groupe, on obtient des résultats plus rapides, plus efficaces, plus créatifs », avance Yoann Lacan, responsable de la diversité et de l’engagement d’Airbus en France. Et afficher son soutien à la diversité ne peut qu’améliorer l’image de l’entreprise, et donc son attractivité.

Un coût « significatif »

Le coût de l’opération est « significatif », selon Airbus, qui n’a pas souhaité en communiquer le montant. Il recouvre les cotisations aux trois associations partenaires, une partie de la délégation d’un cadre auprès du rectorat, « mais aussi le temps investi par nos salariés, la communication interne et les événements destinés à promouvoir le dispositif auprès d’autres entreprises », d’après Yoann Lacan.

Pour les parrains et les marraines, les bénéfices sont immédiats : se sentir utile, appartenir à un réseau de cadres – dans l’entreprise et venus d’entreprises différentes – et, ponctuellement, participer à des événements au côté d’élus et de dirigeants… « Ma n + 2 à Airbus est aussi marraine Capital Filles, relate Anna-Gaëlle Blin. On a fait ensemble une présentation de l’association et de son action. Après, des gens sont venus me poser des questions. » Aux yeux de Sylvie Bancel-Legendre, responsable du programme de performance du management et marraine NQT très engagée en faveur de la diversité, « rencontrer des personnes d’un autre milieu est enrichissant, c’est une démarche citoyenne. Cela me confirme que, même s’il y a beaucoup de nationalités à Airbus, on a encore de gros efforts à faire en faveur de la diversité ».

Accès aux grandes écoles

Sur les 200 jeunes diplômés (au minimum bac + 3) soutenus par NQT et accompagnés par 53 tuteurs “airbusiens” depuis 2010, parce qu’ils ne trouvaient pas de travail ou seulement des CDD peu qualifiés, 94 ont déjà accédé à un CDI ou à un CDD à hauteur de leur qualification. Au niveau national, Passeport Avenir indique que 90 % des étudiants accompagnés intègrent une grande école en moyenne ces trois dernières années. Quant à l’association Capital Filles, elle affiche fièrement le taux de réussite au bac de l’ensemble de ses filleules dans l’Hexagone : 95 %.

Airbus lance une communauté de la diversité

Depuis janvier 2016, le groupe aéronautique développe une plate-forme Web, un “hub”, pour créer une communauté de la diversité. L’un des objectifs est d’accompagner les parrainages, de faire témoigner les tuteurs et de communiquer largement en interne sur cette initiative. Et ainsi de donner de l’ampleur à une action qui a déjà fait l’objet d’opérations de communication externe telles que le forum du 3 mai, à Toulouse, avec les trois associations partenaires, d’autres entreprises, l’académie et le ministère de l’Éducation nationale.

Dans le cadre de la charte Entreprises et Quartiers, Airbus prévoit également de mesurer l’impact des actions en faveur de la diversité grâce à un outil de géo-référencement. Il permettra de savoir si, dans l’entreprise, de jeunes salariés viennent de quartiers prioritaires, et combien, en respectant leur anonymat.

Auteur

  • Solange de Fréminville