IL SEMBLE que nous soyons installés dans la crise depuis quelques années maintenant ce qui est déjà en soi paradoxal étant donné le sens du mot crise. Mais de quelle crise exactement parlons-nous ? De crise financière ? De crise économique ? De crise de l’emploi ? De crise morale ? Le vocable semble recouvrir tout cela et plus encore si bien qu’on n’y comprend goutte. L’humoriste Christophe Alévêque et Vincent Glenn, auteur de documentaires sur l’économie, ont cherché à mettre au clair leurs idées et, dans la foulée les nôtres, sur la dette. Le résultat de leur méritoire effort est convaincant. On comprend trop bien ce qu’on n’entendait pas, notamment que la dette publique n’a rien à voir avec les dettes privées puisqu’elle enrichit certains acteurs économiques à commencer par les banques. Mais aussi qu’on nous demande sans fin de rembourser les dépenses d’un système organisé pour rapporter beaucoup d’argent à certains. Avant qu’il devienne légitime de nous inciter à rogner sur le service public, sur les salaires et sur l’emploi, il serait indispensable de mettre en lumière les noms et raisons sociales de ceux à qui nous “devons” tant. Un début indispensable pour prendre du champ par rapport à ce que l’on veut nous présenter de manière culpabilisante comme une faute à payer. Malgré quelques plaisanteries de plus ou moins bon goût, l’exercice est sérieux et limpide.