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L’enquête

Hôpital du Vésinet : Les conditions de travail sont abordées sous un jour nouveau

L’enquête | publié le : 10.01.2017 | Hubert Heulot

À l’hôpital du Vésinet, comme dans quatre-vingts autres hôpitaux, cliniques et établissements de soins en France, les représentants du personnel, la direction et les médecins tentent, par cluster régionaux, un dialogue social autour de leurs conditions de travail.

Peut-être, bientôt, un début de réponse aux conditions de travail désastreuses dans les hôpitaux. Par groupes (clusters) de 5 à 10 sur un même territoire, quatre-vingts établissements de santé expérimentent pendant un an des dispositifs pour améliorer les conditions de travail de leurs salariés. L’opération, menée par la Haute autorité de la santé (HAS), a démarré en mars, accompagnée par chaque agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract). Les premiers résultats seront donnés cet été. Une seconde vague d’expérimentations suivra.

Dans le cluster d’Ile-de-France, auquel participe l’hôpital du Vésinet (Yvelines), le test porte sur la plus grande expression des salariés. Au Vésinet, ceux-ci ont reçu pour mission d’évaluer en temps réel le changement apporté par le passage de 20 à 30 lits d’un service de réadaptation après un accident vasculaire cérébral qui se tourne, en même temps, vers l’hospitalisation de jour. « C’est la technique du groupe de parole appliqué au changement, comme après un traumatisme ou un deuil », résume Nathalie Millet, secrétaire (Sud) du CHSCT de l’hôpital du Vésinet. Le groupe (tous les métiers du service, de l’infirmière au kinésithérapeute en passant par le brancardier) transmet ses suggestions à la direction et aux médecins, pour qu’ils déterminent ensemble quelle amélioration tester. « Ils vont se poser la question du coût, notamment en termes d’heures de travail (le volet social) et de l’amélioration des soins (le volet professionnel), dans le même temps, ce qui n’arrive jamais », souligne Maroussia Krawec, chargée de mission à l’Aract.

Les six autres établissements du cluster ont adopté d’autres méthodes : des photos prises sur les lieux de travail puis commentées ; l’échange de postes de travail à des fonctions différentes (dans un même service ou entre un membre de la direction et l’employé d’un service), un après-midi ou une journée, pour cerner en particulier les difficultés de communication.

L’opération de la HAS et des Aract prend ainsi acte de l’échec des CHSCT, créés par la loi de 2010 dans chaque établissement, à traiter des conditions de travail. « Tous les syndicats alertent. Personne n’écoute », déplore Denis Garnier, secrétaire général de la fédération Force ouvrière des services publics et de santé. Pour Cécile Kanitzer, en charge de la qualité de vie au travail à la Fédération hospitalière de France (FHF), il faut justement « sortir du traitement de la qualité de vie au travail par un discours ritualisé sur le manque d’effectifs et de moyens, tel que le pratiquent les syndicats. Il s’agit de faire en interne la pédagogie de ce qu’est la qualité de vie au travail et de faire en sorte que les agents eux-mêmes se l’approprient ».

Impliquer les médecins

Un autre intérêt de l’opération tient dans la composition du trinôme délégué par chaque établissement à son cluster. Il inclut un représentant de la direction, du CHSCT et de la conférence médicale d’établissement (CME). Jusqu’à présent, les médecins n’avaient jamais l’occasion de travailler avec les syndicats. « Un CHSCT travaille facilement avec une DRH. C’est plus compliqué d’accrocher les médecins. Il est difficile de savoir ce qui se passe chez eux. Ils n’ont d’ailleurs pas de CHSCT », explique Nathalie Millet. Cette fois, la question des conditions de travail ne sera pas abordée sans eux. « Il faut qu’ils prennent la balle au bond car, jusqu’ici, ils ne s’impliquent pas beaucoup », insiste Denis Garnier, à FO.

Ailleurs en France, sont testées beaucoup de nouvelles organisations du temps de travail ou de gestion de l’absentéisme (comment améliorer l’entretien de retour d’absence ?). Qu’en sortira-t-il ? Pour Cécile Kanitzer, de la FHF, « les conditions de travail sont surtout replacées entre les mains des cadres de proximité ». Mais au passage, l’opération, surtout si elle réussit, aura ouvert la voie à une autre forme de dialogue social dans les établissements.

Auteur

  • Hubert Heulot