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Sur le terrain

Canada : des employeurs champions de la diversité

Sur le terrain | International | publié le : 28.03.2017 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : des employeurs champions de la diversité

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Au Canada, pays du politiquement correct où l’on accueille bon an mal an 300 000 immigrants chaque année, les entreprises cherchent à être reconnues pour leur respect de la diversité.

Haro sur les discriminations ! Les sociétés canadiennes ont fait de la diversité et de la lutte contre les discriminations un cheval de bataille. Chaque année depuis dix ans, le cabinet canadien Mediacorp publie dans le quotidien de référence The Globe and Mail une liste non classante des 50 entreprises (le nombre a varié selon les années) qui sont les meilleures élèves de la diversité. Le professeur de l’université de Montréal (UDM) Stéphane Moulin, spécialiste des questions de discriminations au travail et auteur d’un livre sur le sujet, confie que « les discriminations sont très variées dans leurs fondements – origine ethnique, genre, handicap, etc. – et dans leurs traductions – chômage, surqualification, sous-rémunération ». Si le taux de chômage au Québec chez les immigrants est toujours plus élevé que celui des Québécois de souche (9,8 % contre 7,1 % en 2016), cet écart a diminué depuis une décennie. Le professeur d’UDM estime que « les politiques d’intégration des immigrants, bien que trop timides, ont démontré leur efficacité ». Pourquoi ces progrès ? « Parce que nous sommes en 2015 », a répondu le Premier ministre Justin Trudeau il y a dix-huit mois à un journaliste qui lui demandait pourquoi son cabinet comptait autant d’hommes que de femmes – reprenant aussi son slogan de campagne.

Les entreprises pro-diversité

Parmi les champions de la lutte contre les discriminations, deux secteurs d’activité reviennent fréquemment dans le classement de Mediacorp. D’une part, les banques et d’autre part les sociétés du secteur énergétique. Des établissements comme la Banque de Montréal ou la Toronto Dominion ont constitué des comités chargés de favoriser le développement de la diversité à l’embauche, notamment des groupes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). La Banque de développement du Canada a, elle, mis en place un programme de mentorat durant l’été pour les Amérindiens.

Politique proactive

Pour Stéphane Moulin, « ce qui a amélioré les choses au Canada, c’est d’avoir développé des politiques proactives en matière d’équité en emploi et, dans le cas du Québec, en matière d’équité salariale. Autrement dit, on ne s’y contente pas d’interdire les pratiques discriminatoires : on met en place des procédures visant à identifier et à corriger des iniquités ».

Le fournisseur électrique Manitoba Hydro, qui emploie 6 000 salariés, a ainsi mis en place un programme pour aider les salariés qui ont subi des traumatismes crâniens à réintégrer le travail. Parmi les bons élèves de l’équité, il en va de même de sociétés comme Bombardier aéronautique, qui a créé un programme pour développer le leadership des femmes dans l’entreprise.

« Le monde n’est plus seulement Blanc et masculin et il est temps pour les entreprises de prendre en compte cette nouvelle réalité », note le docteur Steven Murphy, de la Ted Rogers School of Management at Ryerson University, dans un récent article du Huffington Post Canada. Une récente étude du cabinet McKinsey qui révèle que les entreprises les plus diverses ethniquement ont 35 % plus de chances d’avoir de meilleurs résultats financiers. La diversité est performante. Les banques emploient à leurs comptoirs des immigrants pour séduire la clientèle immigrée et la servir, parfois dans sa langue.

Toutefois, les politiques progressistes ne vont pas sans un revers de la médaille. « Il est vrai que nous embauchons, pour le moins, beaucoup de minorités LBGT dans notre banque », confie ce cadre d’une grande banque, lui-même issu d’une minorité et qui se demande si les minorités ne font pas parfois l’objet d’un certain favoritisme. C’est ce qui a été reproché à Justin Trudeau lors de la composition en 2015 d’un gouvernement de la diversité très multiethnique. Le pourtant très libéral quotidien montréalais La Presse, proche du gouvernement fédéral, s’était insurgé : « Quatre ministres sikhs [NDLR : sur 30 ministres] alors que les Sikhs forment 1,4 % de la population canadienne, c’est ce qu’on appelle de la surreprésentation. »

Dans les médias

RADIO-CANADA

Craintes patronales avant la légalisation du cannabis

Le gouvernement canadien devrait légaliser la consommation et la vente de marijuana au printemps. Cette loi inquiète bien des patrons, quant aux conséquences possibles de cette réforme dans un environnement professionnel. Le ministère du Travail a promis de se pencher sur la question.

15 mars 2017. Radio-Canada, radio-télévision publique, site Internet.

LE DEVOIR

Les travailleurs immigrants, moins francophones

Si le bilinguisme au Canada est de facto un mythe, à l’exception du Québec, le gouvernement de la Belle Province s’est inquiété que les travailleurs qualifiés immigrants au Québec n’étaient plus que 64,5 % à parler français en 2016, contre 77 % en 2012. Tous travailleurs immigrants confondus, seuls 46,5 % parlent la langue de Molière au Québec. 9 mars 2017. Le Devoir, quotidien montréalais.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann