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Sur le terrain

Royaume-Uni : L’enjeu du retour à l’emploi des mères

Sur le terrain | International | publié le : 25.04.2017 | Stéphanie Salti

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Royaume-Uni : L’enjeu du retour à l’emploi des mères

Crédit photo Stéphanie Salti

Un meilleur retour à l’emploi des jeunes mères pourrait générer à la fois des recettes fiscales et une baisse des prestations sociales outre-Manche. Plusieurs entreprises déploient des programmes dédiés.

Le retour des femmes sur le marché de l’emploi est un sujet brûlant outre-Manche. Lors de la publication du budget le 8 mars dernier, le Chancelier de l’Échiquier britannique a annoncé la création d’un fonds doté de 5 millions de livres destiné à soutenir l’expansion des dispositifs de retour à l’emploi après une interruption de carrière. « La somme n’est pas mirobolante, estime Julianne Miles, cofondatrice du cabinet de conseils et de coaching Women Returners. Mais elle va permettre de faire prendre conscience de l’importance de ce sujet. »

Certaines entreprises n’ont pas attendu le lancement de ce dispositif pour proposer des solutions. L’opérateur de téléphonie mobile mondial Vodafone vient ainsi de lancer ReConnect, un important programme de recrutement de femmes désireuses de revenir dans le monde du travail. L’opérateur entend recruter 1 000 personnes dans le monde au cours des trois prochaines années : la moitié d’entre elles à des postes en centres d’appel ou en magasins, l’autre moitié à des postes de direction. Cette initiative n’est pas limitée aux anciennes salariées de Vodafone : les personnes provenant d’autres entreprises ainsi que les hommes, en rupture d’emploi, sont également les bienvenus. L’opérateur s’attend néanmoins à ce que l’initiative soit essentiellement adoptée par les femmes, souvent à l’origine des interruptions de carrière à la suite de la naissance des enfants. Le dispositif, qui va s’étendre dans 26 pays, vise à rafraîchir les compétences des salariés sélectionnés et leur proposer des options de travail flexible. Si l’entreprise atteint son objectif, quelque 10 % de l’ensemble des recrutements externes à des postes de direction seront réalisés au travers de ce programme. Grâce à ReConnect, Vodafone espère porter le nombre de postes de direction occupés par des femmes à 30 % d’ici à 2020, contre 27 % aujourd’hui. Un pilote mené dans 11 pays a permis de recruter des salariés âgés de 28 à 58 ans, qui avaient quitté le monde du travail pendant un à dix ans, selon les cas.

« Un certain nombre d’établissements financiers, à l’image de Crédit suisse, Morgan Stanley, les Big Four ou encore les gérants M & G ou Aberdeen ont aussi développé des programmes depuis trois ans outre-Manche, précise Julianne Miles. L’initiative de Vodafone est cependant différente en ce qu’elle possède une portée mondiale ».

Ces programmes partent d’un constat : la difficulté pour les femmes, en rupture d’emploi, de réintégrer un poste en entreprise. Selon un rapport parlementaire, les employeurs hésitent à réintégrer dans l’entreprise des femmes dont le CV fait apparaître des trous, ou encore des personnes dont les compétences ne sont pas à jour. De leur côté, les mères en rupture professionnelle avancent l’argument du coût élevé de la garde des enfants pour expliquer leur réticence à revenir dans le monde du travail. Si le taux d’emploi pour les femmes sans enfant s’élève à 76,2 % outre-Manche, il n’est plus que de 67,5 % pour les mères. Et quand cette réinsertion se produit, les écarts de salaires se creusent : selon le cabinet d’études IFS, les femmes de retour au travail gagnent en moyenne 2 % de moins par année passée hors du monde du travail que si elles étaient restées. « Ces initiatives permettent aussi d’apporter un élément de réponse au sujet de l’égalité hommes-femmes aux postes les plus seniors dans l’entreprise », explique la cofondatrice de Women Returners.

Des initiatives insuffisantes

Les dispositifs mis en œuvre par le gouvernement jusqu’à présent n’ont pas donné les effets escomptés : lancé en avril 2015, le congé parental partagé n’a été adopté que par 1 % des pères tandis que 55 % des femmes ont déclaré ne pas souhaiter partager leur congé maternité, selon le rapport s’appuyant sur un sondage mené par l’organisme My Family Care. La réinsertion des mères dans le monde du travail aurait pourtant de nombreux bénéfices : s’appuyant sur des études, le rapport parlementaire met en évidence qu’une augmentation de l’emploi des mères à hauteur de 5 % permettrait d’augmenter les recettes fiscales de 750 millions de livres et de réduire considérablement les dépenses en prestations sociales. Le groupe parlementaire regrette néanmoins que les initiatives lancées à l’heure actuelle soient presque exclusivement destinées à des femmes à des postes de direction intermédiaires ou élevés.

Dans les médias

PEOPLE MANAGEMENT. Public-privé : le match des salaires

En dépit d’années d’austérité, les fonctionnaires restent mieux payés que les salariés du privé. Selon un rapport publié par le cabinet économique IFS, l’écart de salaire au bénéfice des fonctionnaires est passé de 3,7 % en 2006-2007 à 6 % en 2010-2011 pour repasser à 3,7 % en 2015-2016. 13 mars 2017. People Management, mensuel et site de presse professionnelle RH.

THE INDEPENDANT. Des professions ouvertes à la diversité

Selon un rapport publié par le Policy Exchange Forum, les professions de chauffeur de taxi et de dentiste font la part belle à la diversité, avec respectivement 53,8 % et 50,4 % des professionnels dans ces catégories appartenant à des minorités ethniques. À l’inverse, les agriculteurs sont blancs à une très grande majorité (98,6 %). 12 mars 2017. The Independent, quotidien.

Auteur

  • Stéphanie Salti