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La semaine

Compétences : Le numérique ne se résume pas au numérique

La semaine | publié le : 26.09.2017 | Laurent Gérard

La maîtrise de la lecture et celle du calcul comptent autant que les compétences numériques pures pour absorber cette révolution, constatent deux études européenne et française.

Deux études, publiées le 19 et 20 septembre, une par le Cedefop européen et l’autre par le Conseil d’orientation de l’emploi français, alertent sur les attitudes à avoir face à la révolution numérique et leurs conclusions convergent : au-delà du numérique, les compétences numériques ne suffisent pas.

« La manière dont la technologie transforme les emplois montre que, pour suivre le rythme du changement, il ne suffit pas d’améliorer la culture numérique, affirme l’étude Cedefop. Les individus occupant des postes qui exigent un niveau moyen de compétences en TIC doivent aussi posséder de solides compétences complémentaires : maîtrise de la littératie et de la numératie, mais aussi aptitudes à planifier, organiser, communiquer et travailler en équipe. Les emplois dans les TIC exigent généralement la connaissance d’une langue étrangère, souvent l’anglais. »

Obsolescence.

Selon le Cedefop, les changements technologiques accélèrent l’obsolescence des compétences et la plupart des compétences de demain seront acquises en milieu de travail durant la vie adulte. Dès lors, les systèmes doivent gagner en flexibilité. Les compétences numériques sont parmi les plus susceptibles d’être développées par la pratique en milieu de travail et la pratique de jeux durant les loisirs. Il importe de faciliter la validation des compétences numériques acquises hors du système d’éducation et de formation formelles, afin d’améliorer leur visibilité ainsi que les perspectives d’emploi. « Combiner compétences numériques et autres compétences, techniques et comportementales, maintiendra la complémentarité entre individus et technologies », conclut le Cedefop.

Le Conseil d’orientation pour l’emploi fait le même constat. « Trois groupes de compétences devraient être bien plus mobilisées dans une économie numérisée, précise le COE : des compétences expertes dans les nouvelles technologies, dans le secteur des technologies elles-mêmes, mais aussi dans tous les secteurs économiques utilisateurs de ces technologies ; des compétences techniques nouvelles en lien avec la recomposition à attendre d’environ 50 % des emplois ; et, pour tous les actifs, une augmentation du besoin de compétences dites transversales, qui recouvrent des compétences numériques générales, des compétences cognitives – littératie, numératie – et des compétences sociales et situationnelles. »

Selon le COE, l’utilisation croissante de technologies au travail rend aussi d’autant plus importante la détention de compétences cognitives générales en littératie, numératie et en « résolution de problèmes », alors que les besoins en compétences impliquant des tâches physiques se réduisent. « Il est d’ailleurs probable que les besoins ne se bornent pas au seul socle minimal, mais exigent un degré de maîtrise souvent plus conséquent. Et un nombre considérable d’actifs, en emploi ou non, doit acquérir des compétences transversales nouvelles », conclut le COE.

Logique de mutualisation.

Ces constats posent inévitablement la question des moyens financiers. « Il est impensable que les financements classiques de la formation professionnelle puissent suffire pour satisfaire l’ensemble des besoins, affirme le COE. Il est dès lors nécessaire d’organiser des mutualisations de financements nouvelles, associant État et partenaires sociaux, afin de pouvoir agir à temps et en masse là où c’est nécessaire et dès que c’est nécessaire, et pas seulement auprès des demandeurs d’emploi et des jeunes. D’ores et déjà, les appels à projets Mutations économiques et technologiques du FPSPP relèvent d’une telle logique, mais leur cadre reste large, ne flèche pas directement la transition numérique et ils demeurent dotés de moyens limités. » Cependant, précise le COE comme une évidence : « Compte tenu de l’ampleur des besoins, il conviendra de ne pas financer des formations qui n’ont pas fait leurs preuves pour l’accès à l’emploi ou le maintien dans l’emploi. »

Enfin, le conseil met le doigt sur l’importance d’élargir la notion de formation : « Il conviendra aussi de garder à l’esprit que toute actualisation des compétences ou montée en compétences ne relève pas nécessairement d’actions de formation : les compétences peuvent également être acquises via des pratiques professionnelles ou dans des cadres informels. » Autant de questions que la perspective d’une prochaine réforme de la formation abordera peut-être frontalement.

http://www.cedefop.europa.eu/en/publications-and-resources/publications/ 9121 ? utm_campaign = BN201709Robots

http://www.coe.gouv.fr/Detail-Publication7d56.html ? id_article=1406

Auteur

  • Laurent Gérard