logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La chronique

Épique, l’esprit d’équipe !

La chronique | publié le : 17.10.2017 |

Image

Épique, l’esprit d’équipe !

Crédit photo

Philippe Détrie la maison du management

L’esprit d’équipe est célébré

dans toutes nos entreprises. En quarante ans de conseil, je n’ai jamais rencontré une organisation qui ne l’affiche pas au frontispice de ses valeurs sous une forme ou une autre. Pourquoi diable en sommes-nous si souvent éloignés ?

Nous partons de loin.

Dès le plus jeune âge, nous apprenons à travailler seul, à jouer et gagner contre l’autre, à critiquer plus qu’à encourager. Apprend-on à l’école à rendre service, à être aimable, à partager les difficultés d’apprentissage de son voisin ? Où ont disparu nos prix de camaraderie et de bonne humeur ? On célèbre la toute-puissance de l’œil du maître*, on apprend que « chacun son métier et les vaches seront bien gardées »**. Traduit en langage d’entreprise, le « bon » manager sera celui qui trouve la faute d’orthographe à la page 34 de votre rapport ou qui n’ira surtout pas aider le service voisin.

Pas étonnant que nos systèmes d’évaluation en entreprise restent arc-boutés sur l’individualisation. Nous sommes notés sur notre travail individuel pendant vingt ans alors que notre vie professionnelle de quarante ans nous demande de travailler en groupe. On récompense et on célèbre l’esprit critique. On nous parle ensuite de cadres supérieurs, mais supérieurs à quoi, à qui ? Et les médias ne nous montrent pas l’exemple en nous abreuvant de conflits car ils savent bien que seule la polémique fait vendre.

Comment jouer collectif

Notre déficit d’esprit d’équipe est profond. Que faire ? Plusieurs propositions.

– Créer un environnement de bienveillance. Cela vient doucement : l’éducation évolue et plusieurs pédagogies favorisent le travail en groupe et l’entraide, les jeux collaboratifs se développent, l’optimisme et la pensée positive se propagent, l’économie sociale et solidaire progresse…

– Dire merci, c’est bien. Dire bravo, c’est mieux. C’est reconnaître au-delà de la personne et des résultats les efforts et les contributions.

– Développer nos compétences relationnelles. C’est-à-dire commencer par lâcher prise puis se rapprocher des autres, s’y intéresser sincèrement, s’encourager dans la difficulté, donner confiance et donner envie de cheminer ensemble.

– Préférer en situation difficile l’oral qui humanise à l’écrit qui stigmatise.

– Travailler de façon beaucoup plus horizontale et collaborative. Le travail en groupe demande du temps, de la discipline et de la modestie. Mais à terme, quelles économies d’énergie, d’argent et de malentendus !

Chacun est unique, mais comme tout le monde !

Manager des personnes consiste à gérer non seulement chacune d’entre elles individuellement, mais aussi les relations entre elles. Supprimons ces indécents challenges de « l’homme du match » dans les sports collectifs et soyons plus généreux de notre temps, de nos idées et de notre implication pour des projets partagés. Préférons le pouvoir pour au pouvoir sur, le verbe au nom. Voltaire nous y incitait il y a déjà trois siècles : « C’est n’être bon à rien que de n’être bon qu’à soi ! »

* Fable de 1 668 de Jean de La Fontaine.

** Conclusion de la fable de 1 792 de Jean-Baptiste Claris de Florian Le vacher et le garde-chasse.