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Le fait de la semaine

Pédagogie : Le digital rebat les cartes de la formation professionnelle

Le fait de la semaine | publié le : 22.01.2018 | Xavier Biseul

E-learning, Moocs, serious games… De nouveaux supports rendent la formation continue accessible au plus grand nombre. L’autoformation montre toutefois ses limites et de nouvelles approches pédagogiques favorisent l’engagement des salariés.

Depuis une quinzaine d’années, le numérique a dépoussiéré la formation professionnelle. Les murs de la salle de cours où un formateur dispensait le même enseignement à une quinzaine de salariés sont tombés. En dématérialisant les supports de formation, l’e-learning répond aux besoins de former le plus grand nombre, en tout lieu et à tout moment, sans pour autant faire exploser le budget formation.

La formation en ligne a toutefois rapidement buté sur la motivation des collaborateurs. Laissés seuls devant leurs écrans, sans interactions humaines, rares sont ceux qui vont jusqu’à la fin du parcours. Aussi, de nouveaux formats sont apparus pour favoriser l’engagement. Le micro-learning joue ainsi la carte de mobilité et de l’autonomie, des valeurs chères à la génération Y, en dispensant des contenus de quelques minutes seulement sur smartphone ou tablette.

Réservés jusqu’alors au monde académique, les Moocs (Massive open online courses, cours en ligne diffusés massivement à tous) se sont ouverts au monde de l’entreprise avec leurs déclinaisons « corporate » (Coocs) et à accès privé (Spocs). Fini les cours magistraux, le parcours suit une progression très rythmée, laissant une large place aux séquences vidéos et à l’échange entre apprenants.

Plus anciens, les serious games, ou jeux sérieux, reprennent les codes du jeu vidéo – animation, score, niveaux à franchir – pour donner une dimension ludique à l’apprentissage. La classe virtuelle tente, quant à elle, de reproduire en ligne le fonctionnement d’une salle de cours traditionnelle. Formateur et élèves communiquent en temps réel, partagent des documents.

En dépit de ces efforts, le digital learning – qui rassemble ces différents concepts – n’est guère utilisé de façon isolée. Selon le livre blanc Les chiffres 2017 du digital learning de l’ISTF, Institut supérieur des technologies de la formation, plus de la moitié (58 %) des entreprises proposent des plans de formation hybrides, associant formation présentielle et sessions à distance.

Ce blended learning permet de construire des parcours dynamiques mêlant cours en salle et sessions en vidéo, intercalés de jeux et de quizz pour valider les acquis. Soit le meilleur du numérique et de l’humain.

Intelligence artificielle, réalité virtuelle et réseaux sociaux

S’il montre ses limites dans la diffusion des contenus, le digital peut en revanche beaucoup apporter dans la personnalisation et l’enrichissement des parcours pédagogiques. Grâce aux apports des neurosciences et de l’intelligence artificielle, l’enseignement n’est plus uniforme mais s’adapte au profil du collaborateur et à son rythme d’apprentissage. En analysant ses résultats sur la durée, un algorithme identifiera les zones de blocage et reviendra sur une notion déjà enseignée mais toujours pas acquise. La start-up Domoscio se positionne notamment sur ce concept d’adaptive learning.

Autre tendance : la pédagogie augmentée. Avec le recours à la 3D, à la réalité virtuelle ou à la réalité augmentée, la personne formée est plongée dans un environnement immersif. Un technicien de maintenance répétera autant de fois qu’il le faut, et sans danger, les gestes techniques qu’il devra accomplir dans « la vraie vie ».

Enfin, l’essor des réseaux sociaux grand public trouve un écho dans la sphère professionnelle avec le social learning ou formation entre pairs. Sur l’intranet, le réseau social d’entreprise ou les plateformes de collaboration en temps réel de type Slack ou Microsoft Teams, des communautés d’intérêts se constituent pour partager connaissances et bonnes pratiques.

Originale, la start-up Speachme, qui vient de lever 10 millions d’euros, se propose de capter le savoir informel des salariés experts et de le mettre à disposition de ses collègues sous forme de tutoriels vidéo, enrichis de fichiers PDF ou de quizz. Un nouveau canal pour assurer le transfert de compétences au sein des entreprises soumises au phénomène du papy-boom ou à un turn-over élevé.

Les EdTechs au service de l’innovation pédagogique

Après les FinTechs, les AssurTechs ou les FoodTechs, voici les EdTechs, à savoir les start-ups spécialisées dans l’éducation et la formation continue. Ces jeunes pousses favorisent les innovations pédagogiques en recourant aux technologies sociales, à la réalité virtuelle ou à l’intelligence artificielle. La France compte plus de 300 EdTechs selon l’observatoire du cabinet Deloitte Digital qui les classe par spécialité et localisation. A retrouver sur www.observatoire-edtech.com

Auteur

  • Xavier Biseul