Trois ans après le lancement du plan stratégique “La Poste 2020 : conquérir l’avenir”, où en est la transformation de La Poste ? En 2015, le PDG de l’entreprise, Philippe Wahl, lançait un programme quinquennal destiné à changer en profondeur le périmètre social du groupe postal afin d’adapter l’entreprise à un nouveau contexte marqué par la diminution drastique du volume de courrier acheminé et distribué – concurrence d’Internet oblige – et un développement de ses activités annexes (activités bancaires, mais aussi services à la personne depuis 2015, examen du Code de la route depuis 2016…). Sur le plan social, le plan “Poste 2020” avait été décliné en trois accords d’entreprise (respectivement sur la formation, les compléments de rémunération et l’évolution des grilles indiciaires des postiers fonctionnaires), tous signés par une majorité des six syndicats représentatifs au sein de l’établissement. À l’exception de la CGT et de Sud-PTT qui n’ont paraphé que deux textes sur trois.

Côté formation, l’accord était ambitieux : « 80 % des postiers formés chaque année ; 100 % des postiers formés sur deux ans avec une moyenne de 100 heures de formation pour chaque postier sur cinq ans », proclamait le texte. En sus, l’accord prévoyait un effort formatif supplémentaire destiné à sensibiliser les postiers (appellation générale de tous les salariés du groupe, quelle que soit leur fonction ou leur statut) à leur évolution professionnelle. Pari réussi trois ans plus tard ? Pas loin. « Le taux moyen de formation s’élevait à 84 % en 2017 », calcule Nicolas Jouanneaud, directeur formation et alternance au sein du groupe. Niveau budget, La Poste n’a pas lésiné sur les moyens, consacrant quelque 240 millions d’euros par an à la formation, soit près de 4 % des 250 000 collaborateurs du groupe.

Mais surtout, le plan stratégique s’est traduit par l’amoindrissement des activités de formation formelles au profit de nouvelles pédagogies apprenantes. « Le projet, c’était d’aller au-delà des incontournables formations-métier et développer une offre permettant à n’importe quel collaborateur de pouvoir s’engager sur des formations périphériques », indique Valérie Louradour, responsable du développement RH. La réforme du 5 mars 2014 a permis à La Poste d’engager la mutation de son plan de formation. « Dès l’arrêt de la “24.83” [cette déclaration Cerfa par laquelle les entreprises justifient leurs dépenses de formation auprès de l’administration], on a largement ouvert notre plan à l’innovation : apprentissages en situation de travail, ateliers thématiques, Mooc, Cooc… », se souvient Nicolas Jouanneaud. Avec en ligne de mire, l’objectif de rendre l’entreprise apprenante et d’y déployer une culture de la formation permanente.

À cette fin, La Poste a misé sur une sensibilisation des managers afin d’en faire les premiers vecteurs de cette « envie d’apprendre ». « Nous avons développé une offre e-formation à leur endroit, mais aussi organisé des cycles de conférences sur des thématiques managériales afin de leur permettre de développer des expertises transverses dans d’autres filières que les leurs », résume Valérie Louradour. Les salariés, eux, se sont vus proposer l’éveil à la culture digitale via la mise en ligne d’une plateforme Internet accessible librement depuis les postes de travail proposant des modules sur la data ou la RGPD par exemple. Si l’objectif est de développer l’attrait pour le numérique, La Poste cherche aussi à faire monter ses salariés en compétences sur ce thème afin de renforcer ses équipes de concepteurs-développeurs ou de data-miners en favorisant la mobilité interne. La Poste planche en ce moment sur une nouvelle offre, destinée, cette fois, à aider les salariés à choisir les programmes de formation qui leur conviennent pour leur propre évolution professionnelle. De quoi se placer dans les clous de la réforme à venir et espérer être d’équerre avec les ambitions affichées par le groupe à l’horizon 2020.