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L'épée de Damoclès du dr oit d'opposition

SANS | publié le : 15.01.2002 |

Accord approuvé à 94 % mais, face à un front syndical uni, la direction de Fnac-Paris a dû négocier avec la menace permanente du droit d'opposition.

a la Fnac-Paris, re- groupant les principaux magasins parisiens, l'accord sur les 35 heures est archi-majoritaire : quasi unanimement (à l'exception de FO très minoritaire), les syndicats ont signé et un référendum a vu le "oui" l'emporter à 94 %. Légitimité irréprochable d'où découle une paix sociale, comme en témoignent conjointement la direction et Sud, que doivent envier nombre de DRH. Sauf qu'en l'occurrence, les règles découlant des accords majoritaires ont joué contre la direction.

Ecart important

Comme le note Gaëlle Créac'h, secrétaire de Sud à la Fnac-Paris, « entre les premières propositions de la direction et l'accord final, l'écart est important ». Lors- que démarrent les négociations, début 1999, l'accord prévoit une réduction du temps de travail fondée sur une annualisation du temps de travail. Deux ans plus tard, l'accord signé prévoit une organisation hebdomadaire du temps de travail et des embauches compensatrices à 100 %. Pendant tout ce temps, la direction a eu l'épée de Damoclès du droit d'opposition au-dessus de sa tête.

Bonne organisation des syndicats ou mauvaise ap- préciation de la situation sociale par la direction, ou les deux : les syndicats montrent un front qui ne se désunira pas. Pourtant, la "balkanisation" syndicale n'est pas un vain mot à la Fnac-Paris. La CGT, Sud, le Sycopa (dissidence de la CFDT), la CFTC, FO, la CGC et l'Unsa se disputent le terrain, et parfois aussi la représentativité des salariés. Comme lorsque celle de Sud a été attaquée par la CGT et la CFDT à la Fnac Etoile.

Intersyndicale unie

« A part ces divergences, l'intersyndicale est en général unie face à la direction », admet Anne-France Lucas, directrice des relations so- ciales. Le regroupement géographique des magasins y est sans doute pour quelque chose. « Lorsqu'il y a autant de syndicats, un leadership se crée», avance également Anne-France Lucas comme hypothèse.

Dans le cas des négociations sur les 35 heures, se sont surtout Sud et la CGT qui ont pris ce leadership sur les débats. « La direction ne pouvait pas se servir d'un syndicat minoritaire qui aurait signé à l'insu des salariés, car avec la CGT et le Sycopa, nous aurions pu faire jouer le droit d'opposition », estime Gaëlle Créac'h.

Or, ce droit d'opposition est difficile à utiliser (avoir obtenu au moins 50 % des voix des électeurs inscrits aux dernières élections du CE) : preuve de l'assurance des syndicats.

Quand s'ajoute une grève qui vient paralyser les magasins à l'approche de Noël (mi-novembre 2000) et un jugement en référé du TGI de Paris ordonnant la reprise des négociations que la direction souhaitait suspendre jusqu'en janvier 2001, il ne reste plus à la direction qu'à lâcher du lest et faire campagne pour le "oui" au référendum de novembre dernier, en se réjouissant des allègements de charges inespérés au départ.

Malgré une incontestable position de force, les syndicats ont su donner du mou à leurs revendications. « Nous avons cédé sur les ouvertures exceptionnelles les jours fériés. C'est le gros compromis qui ne nous a pas fait plaisir car nous lâchions quelque chose que nous avions déjà », commente Gaëlle Créac'h.

Réalisme

Les standardistes et les caissières, déjà respectivement à 25 heures et 34 heures, ont, elles aussi, fait partie du marché. « Sud est un partenaire exigeant mais il est possible de négocier et de signer des accords avec lui », complimente Anne-France Lucas. « Nous savons aussi faire preuve de réalisme et prendre en compte les contraintes d'une entreprise telle que la Fnac », déclare, de son côté, Gaëlle Créac'h. Après la trêve de Noël, syndicats et direction auront l'occasion de mettre leur bonne volonté à l'épreuve car s'annoncent des revendications salariales.