logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Un forum pour harmoniser les relations chez Smart

SANS | publié le : 15.01.2002 |

Destiné à prévenir les conflits et à développer un esprit de site, le forum social qui rassemble les partenaires des onze entreprises participant à la construction des Smart ne recueille pas encore tous les suffrages.

Smartville sera le laboratoire social du xxie siècle », affirmaient, dès 1996, les concepteurs de l'Europôle de Hambach, près de Sarreguemines (57), où onze entreprises indépendantes participent à la construction des voitures Smart assemblées par MCC France, filiale de DaimlerChrysler.

Afin d'harmoniser les relations sociales sur le site, les directions et les représentants du personnel se rencontrent régulièrement, depuis un an, dans le cadre d'un forum social. « Nous étions soumis à la loi du maillon faible ; un conflit chez l'un des partenaires déclenchant des conséquences sur l'ensemble du site et pouvant ralentir la production. Le forum social de Smartville permet de mieux faire circuler l'information entre les partenaires sociaux, mais vise aussi à faire émerger un esprit de site, avec un journal et des activités culturelles et sportives pour les salariés de chaque entreprise », explique Pascal Khün, directeur des relations humaines de MCC France.

Par-delà la prévention des conflits, cette structure s'efforce ainsi de développer la cohésion des salariés par deux journaux de site : Smart-job, bourse d'emplois interne destiné à favoriser la mobilité entre les entreprises, et Ensemble pour Smartville, rédigé par la communication des onze sociétés. « L'enjeu de l'esprit Smartville est très important car, même si l'avenir est assuré par le lancement d'un nouveau modèle de véhicule en 2003, l'entreprise reste fragile », précise Pascal Khün.

Les plus anciens salariés se souviennent, en effet, que la brève histoire de la Smart n'a rien d'un fleuve tranquille. En 1998, le groupe suisse SMH-Swatch, initiateur du projet d'une mini-voiture révolutionnaire, s'était retiré de l'aventure.

De hauts dirigeants de DaimlerChrysler avaient même un temps laissé planer des doutes quant à la pérennité de la marque. En novembre 1999, un conflit éclatant chez Magna doors avait déclenché des mouvements chez d'autres fournisseurs, aboutissant à dix jours de blocage du site. « Ce type de conflit n'était pas prévu par les concepteurs du site, il a pointé l'échec de la notion "d'esprit de Smartville", fédérant les salariés autour du produit Smart », remarque Vito Capozza, secrétaire général de la CFDT métaux.

Huit mois de concertation

Huit mois de concertation ont été nécessaires pour que la charte qui fonde le forum soit ratifiée par les partenaires sociaux. Jouant de sa position dominante de donneur d'ordres, la filiale de DaimlerChrysler a pu rassembler autour de la même table les directions des dix sous-traitants. Mais la représentation du personnel par 24 délégués a, un moment, achoppé sur la question de la reconnaissance des organisations syndicales dans certaines entreprises. « Le forum de Smartville est une réussite car il consacre la reconnaissance des syndicats par les directions. Il résout le déficit d'information qui avait pour conséquence des débordements de la part des salariés », estime Vito Capozza.

« L'information fonctionne à sens unique et le forum social n'a aucun pouvoir de décision. Il n'a pas empêché deux jours de conflit chez MCC lors des négociations salariales au cour de l'été 2000 », critique en revanche Roger Caudy, membre du bureau du collectif des unions locales CGT de Moselle Est.

Ce syndicat, majoritaire dans les plus grosses entreprises, avec une repré- sentation égale à 60 % chez MCC, adopte une attitude sceptique face au forum social, bien que certains de ses délégués aient ratifié la charte. « La plupart des entreprises dépendent de groupes internationaux qui interviennent dans des problèmes locaux et DaimlerChrysler, qui se situe en bout du processus, n'hésite pas à se mêler de ce qui se passe chez ses sous-traitants », poursuit le syndicaliste qui qualifie de "foire" le dialogue social sur le site, et milite pour un comité de site qui disposerait des pouvoirs de décision d'un comité d'entreprise. « Smartville n'a que cinq ans, plaide Pascal Kühn. Il s'agit d'une expérience industrielle et humaine qui n'a pas de modèle en France. Nous ne sommes pas sortis de la phase d'apprentissage. »

SMARTVILLE

Effectifs : 2 000 salariés répartis dans les 11 entreprises (750 chez MCC)

Ventes : 116 162 véhicules en 2001 (+ 14 %)