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Conran Shop La décentralisation des RH avec style imposé

SANS | publié le : 19.02.2002 |

Depuis sir Terence Conran, le design anglais est sorti des vieux salons rustiques. On y boit encore du thé, mais confortablement assis sur de profonds sofas colorés. La table basse est en verre, la théière et les tasses portent aussi la marque du design original de sir Terence, autrefois inventeur d'Habitat, aujourd'hui revendu.

« Il vient régulièrement dans le magasin. Il vérifie tout, dans les moindres détails... y compris la tenue des vendeurs. C'est important, car il a une idée très précise de l'image que chacun doit donner du magasin. Pour les vendeurs, il y a d'ailleurs un "code" de bon habillement ! » raconte Catherine Phillips, une jeune Anglaise qui travaille dans le magasin historique de la chaîne, le Conran Shop Bibendum, installé dans l'ancien bâtiment londonien des pneus Michelin, le tout premier ouvert, en 1973, par le gourou du design. Aujourd'hui, la chaîne s'est étendue mais reste exclusive : trois magasins à Londres, deux à Paris, deux au Japon et le plus récent, à New York, ouvert en décembre 2000.

« Le personnel des Conran Shop, c'est comme une famille ! »poursuit Catherine Phillips. Par le passé, elle travaillait pour Habitat. « C'était comme à l'école : il y avait les règles à appliquer et des chefs à respecter. Ici, c'est plus détendu. Et tout le monde se connaît... » Sur le modèle de certaines enseignes de gérants, les Conran Shop n'ont pas de DRH supervisant l'ensemble des magasins. La structure est décentralisée. Au siège social du Conran Holding, qui regroupe toutes les activités, incluant aussi la restauration, le design, aucun DRH "corporate "ne gère non plus l'ensemble du personnel. Le groupe emploie quelque 2 500 personnes réparties dans le monde, depuis les directeurs jusqu'aux vendeurs ou serveurs des restaurants - dont quelque 400 employés pour les magasins.

« Il n'y a pas de forte hiérarchie », insiste Alex Roper, la staff manager (chef du personnel) au magasin Bibendum où elle est entrée il y a seize ans. Elle travaille dans le sous-sol administratif de l'immense boutique, curieusement aménagé sans la "Conran touch" mais avec un traditionnel mobilier de bureau. Elle est en charge d'une centaine de salariés qui, pour près des trois quarts, se trouvent directement en contact avec la clientèle. Un tiers sont à temps partiel. Comme d'autres, Alex Roper a commencé au rang de vendeuse - « et je continue parfois à donner un coup de main ! » Elle est devenue responsable du personnel, sans aucune expérience passée dans les RH. Les ponts entre la vente et l'administration sont en fait multiples.

Au sous-sol administratif comme aux étages du magasin, les employés travaillent 37 heures et demie par semaine. Les horaires sont flexibles, s'adaptant aux impératifs familiaux pour être en phase avec la worklife balance à l'anglaise.

Alex Roper reçoit pléthore de CV - deux ou trois par jour, entre 10 et 15 avant les fêtes de Noël. Du coup, pour recruter, Conran Shop publie peu d'offres.

Quant aux salaires, les vendeurs commencent à hauteur de 13 000 £ par an, soit quelque 1 676,94 euros par mois en moyenne. « Ce n'est pas si généreux que cela, reconnaît Alex Roper. Le commerce, c'est le commerce... »

REPERES

2 500 salariés dans le monde.

120 millions de £ de chiffre d'affaires (196,7 millions d'euros).

1973 : ouverture du premier magasin.