On aura tout dit de la fonction ressources hu- maines : ses as- pects juridiques, psychologiques et, plus récemment, politiques. Il est de bon ton, en effet, dans les services RH, de revendiquer un rôle stratégique dans les choix existentiels de l'entreprise à côté de la direction générale, voire en position de conseil éclairé.

Cependant, de vagues discours hérités des sciences humaines sur la motivation des hommes au travail ne suffisent pas. Car la gestion des ressources humaines a d'abord trait à l'art du gestionnaire.

Comme telle, elle relève d'un savoir technique qu'il lui appartient d'assumer et de cultiver. Dans la tradition technocratique des Américains, avec lesquels il collabore régulièrement, la thèse de Bernard Galambaud revient à soutenir que ce n'est paradoxalement qu'en acceptant avec modestie de se soumettre au savoir procédural des sciences de la gestion que la GRH pourra s'avérer réellement porteuse de sens, comme elle prétend l'être.

Mais dans les limites d'une logique instrumentale au service du marché dont la règle d'or n'est pas humaniste mais financière et comptable !

Loin de l'idéal reluisant des gourous de la direction des hommes, loin des fastes de la pensée visionnaire, l'auteur convie les services ressources humaines à em- prunter la porte étroite de la compétence et leur rappelle la part technique de leur rôle. Ce faisant, cette invitation à raison garder dénonce brillamment les pièges de ce que l'on pourrait appeler le préjugé subjectiviste qui, sous prétexte qu'il s'agit de gestion des personnes, tend à mettre de l'idéal en place des faits.

Une pensée rigoureuse au service du management, c'est-à-dire, au-delà de tout complexe, de la gestion du pouvoir et de l'efficacité dans l'entreprise.

Bernard Galambaud est professeur à l'ESCP-EAP, directeur du programme de Master spécialisé en management des hommes et des organisations. Il est également l'un des principaux animateurs de l'association Entreprise et Personnel.