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SANS

Leaders, suiveurs et commentateurs

SANS | publié le : 14.05.2002 |

Lui, je l'aime beaucoup.

Il a le don, trop rare, de tout simplifier, pendant que notre vie au travail est entravée par les délires des grands procéduriers, des savants de l'organisation, des Mozart du process.

Silhouette atypique dans l'univers très normé des grands établissements du "haut de bilan", il énerve beaucoup par ses performances toujours au-dessus des moyennes de sa région, et par l'ambiance assez déjantée qui règne dans son équipe.

C'est comme ça. Les petits marquis de la DRH du siège n'ont qu'une seule case à la rubrique "Profil personnel de leader", et ils passent une énergie considérable à chercher en vain la pépite, le Graal, l'aiguille de la botte de foin, le futur grand leader qui va pulvériser la concurrence et assurer le bonheur et les marges de la compagnie. « Peuvent toujours chercher si ça les amuse..., s'esclaffe mon client, qui a plié plus d'un marquis toutes ces dernières années, et s'est taillé la réputation d'un grand pourvoyeur de cadres commerciaux de qualité. Moi, je ne cherche plus, je les fabrique. Pas pareil. Moins cher, mieux adapté, plus durable. »

Intéressant.

Reste à identifier les ingrédients de la recette, à connaître les dosages, à repérer le tour de main. Il doit bien y avoir un secret, non ?

« Un secret ? Vous rigolez ! Tout au plus une vision du monde et un peu d'expérience. En fait, mon idée de base, c'est déjà de ne pas chercher des leaders, parce que ça n'existe pas. Leader à plein temps, en platine iridié, déposé au pavillon de Breteuil à Sèvres, c'est une idée stupide. Personne ne peut. Tout le monde fatigue. Et même si, par hasard, on en trouve un, méfions-nous : il va asphyxier tous les autres. »

D'accord pour la première idée. Mais alors, comment faire pour construire une équipe performante ?

« Attendez. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait embaucher que des mal-comprenants et des semi-autistes. Non, ce que je crois fermement, c'est que chacun d'entre nous est capable d'être leader de temps à autre, suiveur la plupart du temps, et, quelquefois seulement, bon à rester sur la touche, à regarder le match. C'est comme ça. Nous ne sommes pas des héros. En tous cas, pas tous les jours. »

Alors, comment faire ?

« Le tourniquet, mon vieux, le tourniquet. A chacun son tour, son sujet, son moment de gloire. Soutier quand on ne peut pas mieux, en habit de lumière quand on sent le sujet. Une équipe qui gagne, c'est un bon casting global, pas un amalgame artificiel et provisoire de vedettes trop tôt fatiguées. Le management efficace n'a pas besoin de stars. Mais il starifie les gens ordinaires. »

Belle idée. Je souscris.