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Tous les salariés sont à leur poste !

SANS | publié le : 04.06.2002 |

Le coup d'envoi du Mondial 2002 vient d'être donné, le 31 mai. Problème : les matchs se dérouleront pendant les heures de travail. Un vrai casse-tête pour les entreprises.

Du jamais vu. Le Mondial de football est à l'ordre du jour de nombreux comités d'entreprise. Et pour cause, les matches, qui se déroulent en Corée et au Japon entre le 31 mai et le 30 juin, seront retransmis en France à partir de 8 heures 30 et jusqu'à 15 heures. Autrement dit, durant les heures de travail. De quoi inquiéter les responsables des ressources humaines, qui ont fort à craindre la multiplication d'absences injustifiées, de retards répétés ou de congés maladie spontanés.

Sondage symptomatique

C'est, en tout cas, ce que laisse supposer un récent sondage, mené par le job board Monster (1). Si 59 % (soit 6 113 internautes) ont répondu qu'ils ne s'intéressaient pas assez au foot pour se mettre en congé, 14 % ont annoncé qu'ils avaient besoin de tout le soutien possible (comprenez : de leur em- ployeur) et 13 % envisageaient de poser quelques jours de maladie. Les 14 % restants sont sereins puisqu'ils sont convaincus qu'ils assisteront aux matchs au bureau.

Si certaines entreprises annoncent, d'ores et déjà, leur "tolérance", comme c'est le cas au Virgin Mégastore des Champs-Elysées, d'autres ont pris les devants pour lutter contre la débâcle de salariés supporters.

Chez Xerox (2 500 salariés), les dispositifs varient selon les populations. « Les unités commerciales vont s'organiser et rebondir sur l'événement en invitant leurs clients à assister à la diffusion des matchs », explique Yves Gadal, directeur des supports entreprises. Pour les collaborateurs du siège, une salle équipée d'une télévision est mise à leur disposition. L'intranet été sollicité pour en informer le plus grand nombre. Mais n'y seront présents que ceux et celles qui se seront assurés que leur absence ne bouleversera pas le fonctionnement du service. « Nous demandons à tous d'être responsables », ajoute-t-il. Restent les journées de RTT. La direction en a profité pour les rappeler au bon souvenir des salariés.

Ecrans à tous les étages

Accenture, quant à elle, renouvelle l'organisation mise en place en 1998, lors de la précédente Coupe du monde, à savoir l'installation d'écrans télé à tous les étages de son siège. Moins chanceux, les consultants qui travaillent à l'extérieur, « qui devront se conformer aux règles des clients », précise Max Balensi, le DRH.

Pour les 300 salariés d'Electrolux Produits blancs, une salle est prévue, avec, en prime, la distribution de boissons et, selon l'heure, de croissants ou de petits toasts. « Nous demandons simplement à nos collaborateurs d'avoir l'accord de leur hiérarchie et de voir, avec elle, les modalités pour rattraper les heures », souligne Jean-Marie Mignot, responsable du développement des ressources humaines.

Ces initiatives sont, pour la plupart, largement applaudies par les salariés. Une exception, toutefois, pour les représentants de la CGT de l'entreprise Valfond, dans l'Orne, qui ont contesté l'arrêt de travail accordé par la direction pour assister à la rencontre France/Sénégal. Motif avancé : l'entreprise, en difficulté financière, n'a pas les moyens de se payer ce luxe.

Du côté des sponsors des Bleus, pas de surprise, tout est prévu de longue date, à l'instar d'Adidas. Les quelque 200 salariés du siège, situé près de Strasbourg, ont été invités à regarder le match d'ouverture sur un écran géant avant de se rendre à un barbecue, offert par la direction.

Rendez-vous reportés

A La Poste, où le football fait partie de la culture d'entreprise (25 000 de ses 320 000 salariés sont licenciés en football), on ne plaisante pas avec l'événement. Pour preuve, une réunion, prévue le 11 juin, à 8 h 30, entre Martin Vial, le Pdg, et l'encadrement de la délégation de Corse, soit environ 400 personnes, a été décalée de deux heures pour cause de retransmission de France/Danemark. Quant au match d'ouverture, le 31 mai, un écran géant a été installé au siège, devant lequel étaient présents de nombreux salariés travaillant en horaires décalés (5 heures/ 13 heures).

D'autres entreprises n'ont, pour l'heure, rien prévu. C'est le cas de Carrefour, de Motorola, de Manpower, de Renault ou encore d'IBM. Mais cela pourrait changer. Imaginons, en effet, que l'équipe de France sorte victorieuse des premières rencontres et se retrouve en quart de finale. Les entreprises ne pourront pas faire la sourde oreille très longtemps...

(1) Sondage réalisé auprès de 10 369 internautes de 12 pays, du 29 avril au 13 mai derniers.

A l'étranger aussi

Les quelque 486 000 fonctionnaires brésiliens commenceront le travail à midi, les jours de match de la sélection du Brésil, et la finiront à 19 h au lieu de 17 h. Ainsi en a décidé le président de la République, Fernando Henrique Cardoso. Avec le décalage horaire, les supporters brésiliens devront, en effet, être devant leur poste à 3 h, 6 h ou 8 h du matin. Les entreprises privées ont réfléchi, quant à elles, à des formules ne bousculant pas trop leur productivité. Les salariés travaillant à l'aube peuvent interrompre leurs activités pour regarder les rencontres sur des télévisions installées à cet effet. Ceux qui pointent le matin sont autorisés à arriver plus tard, à condition de rattraper ces retards dans la journée.

Les entreprises britanniques ne souhaitent pas, non plus, priver leurs salariés, à l'instar de la banque Lloyds TSB, l'enseigne Marks & Spencer ou l'assureur Prudential, qui permettent des échanges horaires. Et elles y ont tout intérêt. Un sondage, réalisé par BarclaysCard, annonce que 40 % des 15,2 millions de supporters anglais envisagent de se faire porter pâles, au moins une fois. De son côté, le ministère du Commerce et de l'Industrie a indiqué qu'aucune réunion n'a été programmée le 7 juin, lors de la rencontre Argentine/Angleterre.

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