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Les quinquas sont-ils aptes au travail ?

SANS | publié le : 11.06.2002 |

Le vieillissement prévisible de la population salariée va conduire les entreprises à revoir leur organisation.

L'atelier "Travailler après 50 ans : quels enjeux, quelles adaptations ?" a fait salle comble au Congrès de médecine du travail. Et pour cause : le médecin du travail est souvent le premier interlocuteur des plaintes des salariés "vieillissants" et les demandes de changement de poste, de mise en préretraite, voire d'avis d'inaptitude, sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus précoces.

Pourtant, comme l'a rappelé Annie Jolivet, économiste du travail et chercheuse à l'Ires, « la fin des dispositifs de départs anticipés est programmée. Même si entreprises et salariés ont du mal à se désintoxiquer de plusieurs décennies de ces dispositifs, il faut, dès maintenant, diffuser l'idée que les trentenaires d'aujourd'hui travailleront au-delà de 60 ans. » Mais peut-on travailler aussi longtemps sans être prématurément usé ? Si les conditions de travail restent ce qu'elles sont, la réponse est oui. « Les déficiences liées à l'âge ne se révèlent que si les conditions de travail rendent ces déficiences manifestes », a résumé Serge Volkoff, directeur du Creapt (Centre de recherches et d'études sur l'âge et la population au travail).

Favoriser la réflexion sur son travail

Ainsi, les situations de pression temporelle et d'urgence posent plus de problèmes avec l'âge. L'adaptation au changement aussi, mais surtout si le salarié ne reçoit pas de formation et se trouve dans une situation « où le travail ne permet pas d'apprendre ». Pour le chercheur, il est indispensable de « favoriser la réflexion sur son propre travail et de préserver un collectif de travail qui joue un rôle important dans l'apprentissage des nouvelles situations ». Présentant l'enquête Estev sur les salariés âgés de 37 à 52 ans, le docteur Annie Touranchet a insisté sur la nécessité pour les médecins, de « se préoccuper de l'amélioration des conditions de travail et de la santé au travail tout au long du parcours professionnel ». L'étude montre, en effet, une détérioration de la santé des salariés âgés de 37 ans confrontés à de mauvaises conditions de travail, cinq ans après.

« C'est de la santé des jeunes d'aujourd'hui qu'il s'agit », a insisté le docteur Pierre Dell'Accio, de la société de médecine du travail Dauphiné-Savoie, qui estime que le médecin du travail « a le devoir de peser sur le changement des conditions de travail. Cela nécessite du courage, mais si nous savons bien présenter nos arguments, nous pouvons convaincre le management d'agir à moins court terme ».