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« L'Etat finlandais s'est mobilisé face à la pénurie de main-d'oeuvre qui se profile »

SANS | publié le : 18.06.2002 |

E & C : Vous avez réalisé, avec Anne-Marie Guillemard, plusieurs études sur les politiques sociales, notamment en Finlande, pour le Conseil d'orientation des retraites. Comment ce pays a-t-il réussi à relever le taux d'activité de ses salariés âgés ?

G.C. : La Finlande, qui avait jusqu'ici une pratique très développée des préretraites, suite à l'effondrement économique du début des années 90, a décidé de changer de stratégie pour pallier la pénurie de main-d'oeuvre qui se profile. Ce changement s'est fait sur la base d'une large concertation avec les partenaires sociaux, mais aussi grâce à une forte impulsion des gouvernements.

Dès la sortie de crise, en 1995, ils ont fait la promotion du maintien dans l'emploi des salariés âgés par le biais de campagnes de communication, visant à changer les mentalités des différents acteurs, notamment des employeurs. Une quarantaine de mesures ont, en outre, été adoptées, en 1998, lors du Programme national finlandais, dont l'adaptation professionnelle des plus de 45 ans (grâce à d'importants efforts en matière de formation) avec, comme objectif, de reculer la sortie du marché du travail de deux à trois ans, pour le rapprocher de l'âge légal de la retraite (65 ans), et des efforts concertés pour diminuer les départs par préretraite ou invalidité... Au total, 4, 204 millions d'euros ont été mobilisés entre 1997 et 2001 pour ce programme.

E & C : Quels sont les premiers résultats ?

G.C. Les premiers indicateurs sont positifs. Ainsi, le taux d'emploi des 50-54 ans avoisine 80 %, se rapprochant du plein emploi. Pour les 55-59 ans, leur taux d'emploi s'élève maintenant à 59 %, soit 4 points de plus par rapport à 1999, et atteint pratiquement le niveau d'avant la crise de 1990.

Mais, parallèlement, on a constaté une forte progression des préretraites à temps partiel, dont le seuil d'âge a été abaissé à 56 ans. Cette progression s'explique par un système généreux, et très souple dans ses modalités d'application. Le salarié en PRP touche environ 80 % de son ancien salaire, l'Etat complétant les rémunérations versées par les entreprises.

* Gérontologue, cocréateur, sous la direction du professeur Pierre Cornillot, du diplôme universitaire ingénierie du vieillissement à l'IUP Ville et santé, et membre du conseil d'administration de l'Institut universitaire de gérontologie-Yves Mémin, université de Paris-13.

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