logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

Malgré les couacs, les salariés de Vivendi sont satisfaits

SANS | publié le : 25.06.2002 |

Distribuer presque gratuitement des ordinateurs à tous les salariés, tel était l'objectif du programme NetGener@tion de Vivendi Universal. Partiellement atteint, il devrait servir de rampe de lancement à la nouvelle politique sociale du groupe.

En ce début d'année 2001, la cote de Jean-Marie Messier n'a jamais été aussi haute. Il faut dire que le patron de Vivendi vient de réaliser son plus beau "coup" : réussir la fusion de son entreprise avec Universal et transformer l'ancienne Générale des Eaux en numéro deux mondial de la communication. C'est dans ce contexte euphorisant que J2M lance, le 1er mars 2001, son programme NetGener@tion. Le principe ? Offrir à chaque collaborateur du groupe, sans distinction de statut et de société d'appartenance, un ordinateur et un accès illimité à Internet, moyennant, pour le salarié, une contribution de 3 euros par mois pendant trois ans.

Approuver par tous les syndicats

Une opération gigantesque qui a été minutieusement préparée. Elle a tout d'abord été adoubée par le gouvernement, lequel a, dans l'art. 3 de la loi de finance 2001 (baptisé aussi "amendement Messier"), défiscalisé le don de matériels informatiques neufs aux employés.

Pour éviter tout couac logistique, Vivendi Universal (VU) s'est offert, via une prise de participation, la société américaine PeoplePC, spécialisée dans la distribution d'ordinateurs. En interne, NetGener@tion a été approuvé par toutes les organisations syndicales (CFDT, FO, CFE-CGC, UNSA, CFTC, CGT), dans un texte paraphé le 2 janvier 2001.

Des syndicats qui ont cependant veillé au grain, en y faisant inscrire une clause de non-utilisation de l'outil informatique à des fins professionnelles. « Cette règle a été respectée à la lettre », indique aujourd'hui M'hammed Marham, délégué central Force ouvrière. « De mon côté, je n'ai eu aucune remontée négative sur ce point, affirme Annabelle Crossay-Rouault, directrice de l'Innovation sociale chez VU, recrutée spécialement pour assurer le pilotage de NetGener@tion. Tout au plus, ce programme va aider les salariés à se sentir plus à l'aise dans leur travail. Car, à terme, le rippeur ou la personne qui relève les compteurs d'eau devront, eux aussi, maîtriser les NTIC. »

Bilan très positif

Alors que la troisième et dernière vague de livraison des ordinateurs est prévue pour cet automne, Annabelle Crossay-Rouault tire un bilan très positif de NetGener@tion. « 94 300 salariés, sur une population de 130 000 personnes en France, dont 110 000 étaient éligibles au regard des critères définis dans l'accord, ont été concernés. Le succès est au rendez-vous ; 94 % des utilisateurs se sont déclarés satisfaits. Nous estimons que nous avons généré une population de 300 000 surfeurs supplémentaires, en comptant les en- fants et conjoints de nos collaborateurs. »

Côté salariés, le projet a été très bien ressenti. « Je travaille chez Delta Diffusion, une société de portage publicitaire qui emploie 10 000 personnes, où le salaire moyen mensuel n'excède pas 305 eu- ros. Inutile de dire que cela a permis à de nombreuses familles de s'équiper », relate Roger Lechevestrier, délégué central CFTC.

Réticence des directeurs de filiale

Reste que le déploiement de NetGener@tion n'a pas été total en raison de la réticence des directeurs de filiale, inquiets de voir leurs résultats obérés par le coût de cette opération, qui s'élève à 122 millions d'euros. « J2M est passé en force, constate un représentant du personnel. Si, lors de la première vague, les sociétés ont globalement joué le jeu en termes de communication et d'information, elles ne l'ont pas fait par la suite. Du coup, certains salariés n'ont pas été informés. »

Autre grief : l'intégration des salariés étrangers a été purement et simplement zappée. « Dans certains pays, la complexité de la législation fiscale nous aurait contraints à proposer des ordinateurs au prix du marché. C'est pourquoi nous avons en partie gelé le déploiement à l'international », explique Annabelle Crossay-Rouault. Des responsables syndicaux estiment que NetGener@tion a pesé sur la rémunération des salariés. « Dans certaines entités, les personnels ne s'en sortent pas sans douleur. La participation, l'intéressement, voire les augmentations salariales, ont été revus à la baisse pour financer le projet de J2M », observe Franck Leroux, délégué central CGT. « Des cas exceptionnels », rétorque Annabelle Crossay-Rouault.

Placée sous l'autorité du DRH de Vivendi Universal, cette ex-directrice grands comptes de Siemens a pour mission de transformer l'essai NetGener@tion. Outre la réduction de la fracture numérique, cette innovation visait aussi à développer le sentiment d'appartenance à l'entreprise. « Nous allons capitaliser sur cette expérience. Mon travail consiste à renforcer la cohésion sociale dans la société. » Une stratégie qui s'est, pour l'instant, traduite par le lancement d'un extranet participatif à l'intention de l'ensemble des collaborateurs de VU.

VIVENDI UNIVERSAL

Effectif en France : 130 000 salariés.

Effectif concerné par NetGener@tion : 94 300 salariés.

Taux d'utilisateurs satisfaits : 94 %.