logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

SANS

La grève s'achève sur de timides avancées sociales

SANS | publié le : 09.07.2002 |

Après trente et un jours de grève, les salariés de Rivoire & Carret Lustucru ont obtenu des garanties financières en cas de licenciement dans le cadre de leur rachat par Panzani. Mais le nombre et la nature des postes menacés restent inconnus.

Il y a un peu plus de trois mois, les salariés du groupe Skalli, propriétaire de Rivoire & Carret Lustucru (RCL), à Marseille, et des Grands Moulins de Normandie, obtenaient confirmation d'une rumeur persistante. Ils apprenaient leur rachat par leur concurrent Panzani, lors d'une réunion en comité central d'entreprise extraordinaire. Doublée d'une annonce, véritable bombe à retardement : le groupe sera démantelé, Panzani cherchant à céder l'activité pâte sèche de RCL, qui ne l'intéresse pas.

L'avenir de 290 salariés employés dans les usines de Marseille, Ourscamp (60) et Strasbourg est menacé. Le personnel du siège, soit 180 personnes, a, lui aussi, le sentiment d'être assis sur un fauteuil éjectable.

Négocier et intégrer un volet social

La résistance s'organise sous la forme d'une exigence : négocier et intégrer à la vente un volet social avant le 30 juin. Le personnel veut aussi faire souscrire à la direction de Panzani des engagements précis sur la nature et le nombre d'emplois qui seront supprimés, transformés et délocalisés, au siège comme dans les différentes unités opérationnelles, et sur les reclassements envisagés pour les salariés dont l'emploi serait menacé.

Ils réclament, enfin, une prime de cession égale à 2 % du produit de la vente, estimé à 500 millions d'euros. « Les salariés veulent récupérer une partie des richesses qu'ils ont contribué à produire, ils veulent leur part du gâteau », expliquait alors Serge Bonutti, délégué syndical central CGT et secrétaire du comité central d'entreprise.

Première bataille remportée

A la veille de l'été, les "Lustucru" estiment avoir remporté cette première bataille. Dans un accord signé le 26 juin, le Pdg Bernard Skalli, qui continue à refuser de s'exprimer sur la transaction, donne aux salariés la garantie de percevoir quatre à huit mois de salaires s'ils devaient perdre leur emploi, s'ajoutant aux indemnités conventionnelles de licenciement. La direction générale a également accordé 2 % d'augmentation de salaires et une majoration de 150 euros de la prime annuelle de vacances, établie à 500 euros.

« Cet accord a l'avantage de favoriser l'ancienneté et l'âge, en majorant les indemnités de licenciement pour les plus de 50 ans. Certains toucheront ainsi le double de ce que la loi prévoit. La somme peut atteindre près de 15 000 euros. Les plus jeunes ne sont pas lésés, ils percevront, eux aussi, des indemnités dont le montant sera supérieur au minimum légal », se félicite Christian Catoïa, secrétaire du comité d'entreprise du siège. S'ajoute une prime de reprise d'activité de 380 euros et le paiement d'une semaine de grève, qui permettent aux salariés de sortir du conflit la tête haute.

Intervention des CRS

Pour parvenir à ce résultat, les salariés ont durci leur mouvement. Mi-mai, le personnel du siège s'est mis en grève, rapidement imité par ses collègues des usines d'Arles, qui produit du riz, et de La Pomme, à Marseille, qui fabrique des pâtes sèches. Le conflit, le plus dur et le plus long de l'histoire de RCL de mémoire de syndicaliste, a duré trente et un jours. Pour se terminer sur l'intervention des CRS.

« Nous sommes très fiers de notre action, indique Serge Bonutti. L'intervention des CRS, à la demande de la direction, qui a prouvé son incapacité à formuler des réponses, a renforcé notre détermination. La dernière négociation qui a suivi et qui a permis d'aboutir au protocole d'accord, a duré treize heures. Nous étions prêts à tenir plus longtemps. Depuis trente ans que je travaille dans cet établissement, jamais je n'ai connu une telle fraternité. Nous sommes prêts à recommencer le moment venu. » Car le mystère continue à planer sur le devenir de 470 salariés.

Plan de sauvegarde de l'emploi

Le personnel n'a obtenu aucun engagement de la part de Panzani sur la nature et le nombre d'emplois qui seront supprimés, transformés et délocalisés, ni sur les reclassements éventuels. « Ce n'est que la fin de la première mi-temps, insiste Serge Bonutti. Tout reste à faire. Nous devrons à nouveau nous mobiliser lorsqu'il s'agira de négocier le livre III et le plan de sauvegarde de l'emploi. »

Le comité central d'entreprise doit prochainement se réunir pour connaître la stratégie de Panzani et le nom du repreneur de l'activité pâte sèche. Plusieurs candidats sont sur les rangs.

GROUPE SKALLI

Effectifs : 1 470 salariés, dont 630 chez Rivoire & Carret Lustucru à Marseille, Ourscamp (60) et Strasbourg.

Chiffre d'affaires : 369 millions d'euros dont 243 millions pour Rivoire & Carret Lustucru.

PANZANI

Effectifs : 770 salariés.

Chiffre d'affaires : 305 millions d'euros, en 2001.