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Les fonds socialement responsables s'en mêlent

SANS | publié le : 09.07.2002 |

Les gestionnaires de fonds socialement responsables, qui s'affichent comme des partenaires de long terme, s'efforcent de peser sur le management des entreprises. Mais il leur faut rechercher des coalitions d'actionnaires actifs.

Les investisseurs institutionnels votent rarement en AG. Quant à rejeter une résolution du conseil d'administration, il n'en est, à peu près, jamais question. Proposer une résolution au vote des actionnaires ? De la science-fiction. Et pourtant, depuis quelques années, des investisseurs font entendre leur voix, notamment sur le social : ce sont certains fonds de pension et des gestionnaires de fonds socialement responsables.

Stratégie à long terme

« Nous n'investissons pas dans les entreprises avec pour seul objectif une rentabilité de 15 %, explique Thierry Widemann-Goiran, président du directoire de Macif-Gestion, dont l'offre a été récemment labellisée par le comité intersyndical de l'épargne salariale. Nous souhaitons faire passer le message selon lequel nous sommes prêts à accompagner les entreprises dans leur stratégie à moyen-long terme. En contrepartie, nous attendons de ces dernières une grande transparence et la mise en place d'un véritable gouvernement d'entreprise. »

C'est pourquoi la Macif endosse ce vêtement de l'actionnaire actif, participe à beaucoup d'AG, en particulier lorsqu'elle n'est pas d'accord avec toutes les résolutions du conseil d'administration. L'année dernière, avec quel- ques autres investisseurs institutionnels, elle a ainsi voté contre le projet de résolution 12 de l'AG de Danone : un plan d'options pour le management, quelques semaines après l'annonce de la réorganisation du pôle biscuit. Et elle a posé une question écrite sur le suivi du plan social. Elle était épaulée, pour cette dernière, par Ethos, une fondation suisse qui gère 500 millions d'euros d'encours pour 92 fonds de pension. Ethos est très active auprès des sociétés suisses, pays où les épargnants possèdent une bonne partie du capital des entreprises ; 10 % de Nestlé sont, par exemple, détenus par des caisses de pensions.

Directives de vote

« Nous considérons que le droit de vote a une valeur économique », martèle Dominique Biedermann, directeur d'Ethos. C'est pourquoi sa fondation analyse en détail les ordres du jour des assemblées et les résolutions d'actionnaires, et édite des lignes directrices de vote très claires, fondées sur une charte et des codes de bonnes pratiques. Avec, bien sûr, le souci du long terme. C'est ainsi qu'Ethos vient de s'opposer au versement de dividendes chez Deutsch Telekom, plombée par une dette énorme : « L'année dernière, la chute de la valeur avait déjà été compensée par un versement de dividendes. Pour nous, ce choix met l'entreprise en danger. »

Concertations

Pour mieux peser sur la politique sociale et environnementale des entreprises, ces investisseurs actifs se concertent et agissent en- semble, souvent d'un pays à l'autre. Aux Etats-Unis, des ONG sont aussi de la partie : dans ce pays, il suffit de posséder depuis un an des actions d'une société, pour un montant de 2 000 dollars (2 045 euros) au moins, pour pouvoir inscrire une résolution à l'ordre du jour de son AG. Moins facile en France, où il faut posséder au moins 0,5 % du capital, ou en Suisse (10 % du capital).

« Dans le cas de sociétés non suisses, nous pouvons apporter un soutien à un investisseur local, qui pilote l'action, explique Dominique Biedermann. Mais nous ne voulons pas avoir l'air de donner des leçons de l'étranger. Les investisseurs anglo-saxons procèdent de la même façon chez nous. »

Dans tous les cas, les propositions de résolution doivent pouvoir fédérer aussi des actionnaires traditionnels, en liant les thématiques sociales et la performance. Exemple type, une résolution proposée chez Coca-Cola, il y a deux ans : elle refusait au management le droit d'exercer ses options dans l'année suivant une réduction d'effectifs de plus de 1 %. Une manière de s'assurer que les cadres dirigeants ne puissent pas profiter du rebond provisoire du titre, juste après une charette. Et que les licenciements étaient bien nécessaires à la stratégie, voire à la survie, de l'entreprise, ce que les marchés apprécient à plus long terme.