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Les syndicats p rotestent ... les résolutions passent

SANS | publié le : 09.07.2002 |

Les syndicats prennent l'habitude d'intervenir sur le social en assemblée générale, tandis que les actionnaires salariés, "alliés objectifs", tentent de dénoncer les logiques de court terme.

Banderoles, T-shirts frappés de « Desmarest, les salariés sont à l'arrêt », cornes de brume et sifflets... Le 7 mai dernier, au Palais des congrès de Paris, le social s'était invité à l'assemblée générale des actionnaires de TotalFinaElf.

L'intersyndicale (CGT, FO, Sictame-CGC) d'Elf Exploration-Production (EP) s'était postée à l'entrée de l'AG pour distribuer des tracts. Les syndicalistes sont ensuite entrés pour intervenir au moment des questions orales. « En 1995, nous nous étions heurtés à un service d'ordre, il avait fallu une bousculade pour entrer. Maintenant, nous négocions avec les services de sécurité », confie Jean-Yves Lalanne, délégué syndical de l'usine de Lacq.

Prise de parole

Invités à prendre la parole en premier, ils ont alors réclamé un « statut commun de haut niveau, applicable au plus grand nombre », en référence à la volonté de la direction de faire basculer les salariés d'Elf EP, volontaires, du statut de mineur, très avantageux, vers celui des salariés de l'industrie pétrolière. Ils ont, en outre, demandé la réouverture des négociations sur les garanties de prévoyance, entre 60 et 65 ans, ainsi que sur les retraites supplémentaires.

Sans succès : les syndicats n'ont pas obtenu, au cours de l'AG, ce qu'ils n'avaient pas gagné lors des négociations collectives. Mais aussi sans surprise : « Pour nous, l'AG est une échéance médiatique dont nous profitons pour mettre en avant nos revendications, explique Jean-Yves Lalanne. Nous n'avons pas d'illusions sur les possibilités de contre-pouvoir des actionnaires salariés. »

Alliés objectifs

Ce qui n'empêche pas les syndicats de reconnaître que les associations d'actionnaires salariés sont leurs « alliés objectifs ». Ils se retrouvent pour dénoncer la « politique du court terme » des actionnaires spéculatifs et des dirigeants, qui s'oppose aux intérêts à long terme de l'entreprise et de ses salariés.

TotalFinaElf en compte deux : l'Association volontaire des actionnaires salariés (Avas) et l'Association de défense des intérêts des actionnaires salariés (Adias), l'une et l'autre créées en 1986. Leurs méthodes sont moins spectaculaires que celles des syndicats : dépôt de résolutions, questions écrites ou orales, amendements ou, tout simplement, exercice du droit de vote... Pour orienter celui des quelque 3 % d'actionnaires salariés ou retraités que l'Avas représente, elle publie ses "consignes" dans une lettre à ses adhérents, dans son journal, l'Avascope, sur son site Internet (elle n'est pas autorisée à le faire sur l'intranet), parfois dans le quotidien Les Echos ou à l'Agefi.

Les "philosophies" de l'Avas et de l'Adias sont cependant différentes. La première est indépendante des syndicats et recherche des soutiens du côté des fonds de pension américains ou britanniques. « L'actionnariat salarié représente environ 3 millions de voix, il en faudrait 20 pour commencer à peser. C'est pourquoi il nous faut avoir recours aux investisseurs institutionnels, explique Jean-Aymon Massie, président de l'Avas. Cette année, nous en avons réuni 5 grâce, notamment, aux mandats de Calper et d'Hermès, premiers fonds de pension aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et nous pourrions en réunir 14 en 2003. »

Indépendants des fonds de pension

La seconde, l'Adias, est présidée par Jean Conan, coordinateur groupe pour la CGC. « L'actionnariat salarié est un des canaux de l'action syndicale, explique-t-il. Lorsque 80 % des droits de vote viennent de fonds de pension, le principe de l'actionnariat salarié s'en trouve dénaturé. C'est pourquoi nous ne cherchons pas leur soutien. »

De fait, les revendications de l'Avas en AG sont celles des fonds, puisqu'elles portent essentiellement sur la bonne gouvernance : indépendance des administrateurs, des commissaires aux comptes, ou rémunérations des mandataires sociaux. « Lorsque j'ai un mandat des institutionnels, je ne peux pas faire passer des revendications sociales », admet Jean-Aymon Massie. C'est la limite de l'alliance objective.

L'actionnariat salarié sans exercice du droit de vote

L'actionnariat salarié est volontiers présenté, en plus d'un complément au salaire, comme le moyen de faire participer les salariés à la gestion de leur entreprise. Dans beaucoup d'entreprises, la réalité est différente. Chez TotalfinaElf, par exemple, cette participation trouve assez vite ses limites. Les salariés du groupe détiennent environ 3 % du capital de l'entreprise. Mais dans les faits, leur droit de vote s'exerce sur une bien plus petite partie.

Ces actions sont, en effet, gérées par deux fonds communs de placement. Le premier, créé par Elf avant la fusion avec Total, compte pour environ 60 % du total de l'actionnariat salarié, selon Jean Conan, délégué central groupe pour la CGC et président de l'Association de défense des intérêts des actionnaires salariés (Adias), et autorise l'exercice individuel du droit de vote. Le second, émanant de Total, implique un vote collectif, contrôlé par la direction.

Seuls les salariés actionnaires d'Elf peuvent donc exercer leur droit de vote. « Mais, regrette Jean Conan, 80 % ne votent pas et 10 % délèguent leur droit de vote au président du groupe. » Aujourd'hui, les syndicats revendiquent un alignement du fonds Total sur celui d'Elf. Il restera ensuite à mobiliser les salariés.

TOTALFINAELF

Effectif : 122 025 salariés.

Actionnariat salarié : 3% du capital.

Chiffre d'affaires : 105,3 milliards d'euros.