Rares sont les salariés qui ont une idée très précise de leurs revenus de futurs retraités. Dans la plupart des cas, ils les surévaluent très largement. Afin d'éviter ce genre de déconvenues à ses salariés, le groupe bancaire ABN Amro France leur propose, depuis fin 2001, un produit au nom évocateur : "Mon dossier personnel de retraite", élaboré par France Retraite, société privée spécialisée dans le calcul des droits des cotisants.

« Nous recherchions une solution capable de fournir le maximum d'informations à nos collaborateurs, mais aussi une meilleure estimation des prochains départs de nos salariés âgés, explique Pascale Karam, adjointe au responsable de l'administration générale d'ABM-Amro. Jusqu'alors, nous disposions d'un calendrier listant les collaborateurs en passe de fêter leur soixantième anniversaire. Mais avoir 60 ans ne signifie pas que l'on ait son compte de trimestres. »

Le travail de recherche réalisé par France Retraite permet d'avoir en main l'historique complet de sa carrière, le nombre de trimestres et de points acquis, le montant du revenu net évalué ainsi qu'une estimation de l'âge de départ à taux plein. Toutes ces données étant réactualisées chaque année. Le premier bilan coûte 100 euros par salarié, la mise à jour, 44 euros l'unité. « La direction prend à sa charge cette prestation, réservée aux salariés âgés d'au moins 45 ans, soit 650 personnes sur les 2 000 que compte le groupe en France », précise Pascale Karam. Pour l'heure, 60 % y ont adhéré. « La mise en route est longue, car il faut que chacun fournisse à France Retraite le nom des caisses de retraite auxquelles il a cotisé. Malgré nos relances, certains ont jugé cela trop rébarbatif et ont abandonné. » Certains salariés, en effet, ont multiplié les employeurs qui, parfois, n'appartenaient pas au secteur privé. Lorsque les premiers bilans individuels sont parvenus aux intéressés, quelques-uns sont tombés de haut, allant même jusqu'à contester les conclusions de France Retraite. Mais si la pilule est amère, elle sert toutefois de leçon. « Un salarié qui juge insuffisant le montant de ses revenus futurs peut toujours rectifier la donne en reconsidérant son épargne. »

ABN Amro n'a pas accès au bilan du salarié. Cela a été convenu au préalable avec les partenaires sociaux. L'unique information communiquée est la date présumée de son départ de l'entreprise. Ainsi, Pascale Karam sait précisement quand il faudra remplacer les 130 collaborateurs qui ont aujourd'hui atteint 57 ans. De quoi affiner la gestion prévisionnelle.