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« Le risque est bien de ne pas avoir épargné suffisamment »

SANS | publié le : 01.10.2002 |

E & C : Les entreprises se soucient-elles de la retraite de leurs salariés ?

S. D. : C'est bien une des préoccupations actuelles, dans le cadre d'une réflexion globale sur l'épargne. La grande tendance, entamée il y a plusieurs années pour les entreprises qui proposaient déjà une épargne retraite, est de passer d'un système à prestations définies-article 39, à un système à cotisations définies-article 83, plus facile à budgéter. On note aussi la création ex-nihilo de dispositifs à cotisations définies.

Mais, d'autre part, l'épargne salariale longue, sur laquelle la loi Fabius a mis l'accent, notamment avec les PPESV, arrive en concurrence avec cette épargne retraite. Certaines entreprises, concernées par le sort - et la fidélisation - de leurs cadres et dirigeants de 40 ans et plus, mettent en oeuvre les deux outils : de l'épargne salariale longue et un article 83 ou 39 ciblant cette catégorie de personnels.

Enfin, le choix de tel ou tel outil est sans doute aussi lié à la culture de l'entreprise. Les "article 39" - et même 83, certes fondé sur le principe de droits acquis mais ne permettant pas d'accès prématuré à l'épargne - sont des systèmes plus bouclés et faisant moins appel à la responsabilisation des salariés.

E & C : Ces produits sont-ils risqués ?

S. D. : Pour l'article 39, le montant des prestations est défini à l'avance. Les "article 83", à cotisations définies, gérés par un assureur, peuvent disposer de rendements garantis, par exemple, 5 % pour les contrats en euros, avec des investissements surtout en obligataire. On utilise aussi l'approche générationnelle : recherche de la performance au début du plan et produits plus sûrs à l'approche de la retraite. Il faut sans doute prendre quelques risques au début. L'écueil est celui du rendement trop faible à long terme. Avec du monétaire à 3 % sur dix ans, on risque de ne servir que de très faibles rentes. On épargne aujourd'hui sur vingt ans pour une rente de trente ans. Avec des rendements à venir plus faibles qu'autrefois, le risque est bien de ne pas avoir épargné suffisamment.

Le problème des cadres supérieurs ou des dirigeants est particulier. Ils accèdent à ce statut à 45 ans au moins. Il leur faut se constituer rapidement un complément de retraite. Beaucoup d'entreprises mixent prestations définies et épargne salariale pour cette population. Certaines abandonnent même un article 83 au profit de l'épargne salariale et de ses abondements. Mais cette dernière, plus exposée en actions, réclame une meilleure éducation des salariés aux mécanismes boursiers.