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Les fonds de pension sur la réserve

SANS | publié le : 01.10.2002 |

Malmenés par la chute des cours, les fonds de retraite néerlandais, longtemps cités en exemple, mettent tout en oeuvre pour limiter les dégâts.

Voilà encore deux ans, les entreprises néerlandaises avaient trouvé dans leurs fonds de retraite une importante source de profit. Au point que les bénéfices réalisés par certains fonds étaient, en partie, réinjectés dans la "maison mère", tandis que les salariés se voyaient temporairement exonérés de cotisation. Mais cette période dorée est bien révolue et la chute des cours de la Bourse a forcé les quelque 900 organismes de retraite par capitalisation à entamer sérieusement leur matelas de sécurité. Ils se refusent, pourtant, à parler de situation catastrophique, même si quelques fonds de retraite se trouvent désormais à la limite de l'insolvabilité.

Eviter le pire

Bien sûr, il a fallu prendre des mesures pour éviter le pire. Certains ont ainsi commencé par réorganiser leur portefeuille. En général, les fonds de retraite privilégient les placements en actions, plus risqués que les obligations, mais aussi plus rentables à long terme. Philips, le plus gros fonds d'entreprise aux Pays-Bas, a relativement bien tiré son épingle du jeu, en optant pour une stratégie de "père de famille" avec des titres plus stables.

Actions contre obligations

D'autres ont échangé une partie de leurs actions contre des obligations. C'est le cas du fonds de la société de télécom KPN : en janvier, son portefeuille d'actions est passé de 56 % à 46 %. Parallèlement, il a a apporté une aide financière à l'organisme pour garantir les vieux jours de ses salariés.

La banque ABN Amro fera de même, cette année, en versant 340 millions d'euros dans sa caisse de retraites. Quant au fonds de pension de Shell aux Pays-Bas, il a mis en vente la moitié de ses investissements immobiliers aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, afin de "remplumer" son coussin de sécurité.

Mais, dans leur majorité, les organismes de retraite ont choisi une solution plus brutale : revoir le montant des prestations. « Nous avons reçu des centaines de plaintes provenant de personnes dont la pension ne prend plus en compte l'augmentation du coût de la vie », explique Simon van der Schoot, président de l'association néerlandaise de défense des retraités. Chez le fabricant de levures Gist Brocades, les pensions ont bien augmenté de 3,5 % l'an dernier, mais beaucoup moins que l'inflation, qui tournait autour de 4,5 %. D'autres fonds ont purement et simplement cessé d'indexer les retraites. C'est le cas pour KPN et pour le producteur de rafraîchissements Hero. De toute manière, cette indexation n'est pas obligatoire...

Dernière méthode : augmenter les cotisations. La mesure est impopulaire, mais beaucoup la jugent nécessaire après une longue période où les montants prélevés étaient relativement faibles. Chez VendexKBB, le groupe de grande distribution, les primes ont augmenté de 2,4 % à la fin de l'an dernier. Et les fonds de retraite d'entreprise ne sont pas les seuls touchés : les fonds sectoriels, alimentés par 3,6 millions de salariés aux Pays-Bas, affrontent les mêmes difficultés et y répondent de la même manière.

Allemagne : réforme "année 2"

L'Allemagne a réformé son système de retraites, menacé de faillite par le vieillissement de la population, il y a deux ans. Le niveau des retraites par répartition sera abaissé pour atteindre 67 % des revenus net en 2030, contre 70 % aujourd'hui. Et de nouveaux outils de capitalisation ont été lancés.

Les retraites "Riester", du nom du ministre du Travail de Gerard Schröder, facultatives et abondées par l'Etat, qui devaient concerner 31 millions d'Allemands, n'ont pas fait le plein pour l'instant. Seules 2,5 millions de personnes ont souscrit une police individuelle subventionnée.

Sur le même principe, de nouveaux fonds de pension d'entreprise ont vu le jour. Mais les salariés sont, cette fois, exonérés d'impôts et de charges sociales sur les revenus qu'ils épargnent, dans le cadre d'un contrat d'entreprise. Quatre autres modèles de retraite d'entreprise existaient déjà et la loi prévoit que chaque salarié a droit à une retraite d'entreprise sous une forme ou une autre.

Autre innovation : la naissance de Metallrente, une caisse de branche, créée par le syndicat IG Metall et le patronat de la métallurgie, en octobre 2001, où les partenaires sociaux sont représentés à égalité. Cette structure a signé des contrats avec des sociétés d'assurances et des banques, et propose leurs produits - de l'assurance vie au fonds de pension - aux salariés de la branche (le bois et le textile ont aussi rejoint le système). Avantages pour eux : la puissance de négociation de Metallrente avec les prestataires et, plus largement, l'exonération fiscale et sociale sur l'épargne retraite d'entreprise.

A LIRE

Les retraites en France. Quel avenir ? La Documentation française, avril 2002, 263 pages, 19 euros.

Revues de l'Ires, n° 35, 36. Accessibles en ligne : http://www.ires-fr.org