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ElcoBrandt redynamise ses RH

SANS | publié le : 17.12.2002 |

La nouvelle équipe de direction d'ElcoBrandt a entrepris de remotiver les troupes au travers du projet "EnergiesRH". Au programme : harmonisation des outils RH et des statuts, modernisation du management, renforcement du dialogue social, reengineering de la fonction...

Le 7 septembre 2001, le groupe français d'électroménager Brandt déposait son bilan et était placé en redressement judiciaire, en même temps que Moulinex, son ancienne maison mère. Quatre mois plus tard, le 15 janvier 2002, le tribunal de commerce de Nanterre, chargé du dossier de reprise, se prononçait en faveur du projet Elco. Ce groupe israélien (électromécanique, climatisation, distribution), associé pour l'occasion à l'espagnol Fagor, proposait de reprendre 78 % des salariés du groupe et d'investir 100 millions d'euros sur deux ans pour moderniser l'entreprise, ainsi que de verser au millier de salariés non repris l'équivalent de la "prime Moulinex" (13 270 euros). Le projet Elco était d'ailleurs soutenu par 80 % des représentants du personnel, seuls ceux de l'usine de Lesquin (59), où près de 500 emplois étaient supprimés, votant contre.

Nouvelle direction

Le 5 février, débarque la nouvelle équipe de direction nommée par Elco : à sa tête, Bruno Vendroux, ex-DG d'Electrolux France, qui choisit Dominique Laurent, également ancien d'Electrolux, pour prendre la direction des ressources humaines. « Je suis arrivé en plein plan social, souligne ce dernier. Même si, juridiquement, nous ne som-mes pas responsables, en réalité, nous avons dû en assurer la mise en oeuvre concrète mais aussi financière. » Près d'un an après, si la question du reclassement est quasiment réglée sur les sites de Lyon ou de La-Roche-sur-Yon, elle reste aiguë sur celui de Lesquin, où la population salariée était similaire à celle de Moulinex...

Projet d'entreprise

Autre mission pour Dominique Laurent : faire un diagnostic et proposer une nouvelle stratégie RH pour le groupe, restructuré autour d'une holding et de 4 pôles (Brandt industries pour la production, Brandt appliances pour l'activité commerciale, Brandt customer services pour l'activité de service et Brandt components pour les composants), et rebaptisé ElcoBrandt, le 27 mai dernier. La direction souhaite, en effet, dès son arrivée, lancer un reengineering de chaque fonction, puis redéfinir une politique pour chacune d'entre elles, afin d'aboutir à la rédaction d'un projet d'entreprise pour les trois ans à venir. « L'un des constats qui a émergé de l'audit RH était que les salariés avaient globalement un bon niveau de compétences mais, ayant vécu un réel traumatisme social, avaient besoin d'être redynamisés. » C'est ainsi qu'est né le projet baptisé "EnergiesRH", dont l'objectif final est de positionner ElcoBrandt comme "employeur de choix", « pour la qualité du travail qu'on y réalise et des carrières qu'on peut y mener », indique le projet d'entreprise.

Redéfinition des processus

« Il s'agit d'un projet à trois ans, qui vise à mettre en place une véritable culture RH, commune au groupe, précise Ugo Schreiber, DRH du site d'Orléans et coordinateur RH industriel. Cela suppose la redéfinition de l'ensemble des processus de formation, de gestion des carrières, de recrutement, de communication..., mais aussi de renforcer le management. » Chaque projet étant pris en charge par un DRH de site. S'apparentant plus à une juxtaposition de sociétés qu'à un véritable groupe, Brandt n'avait que très peu d'outils RH communs, six logiciels de paie différents, des intitulés divers pour des postes identiques (ou inversement) et dix régimes sociaux. Sur ce dernier chantier, une négociation a été ouverte fin novembre, certains établissements devant se trouver sans couverture santé complémentaire à partir de janvier 2003.

Le groupe accusait, en outre, un certain retard, en matière de process RH : « En matière de mobilité, il n'existait qu'un journal d'offres internes qui paraissait tous les trois mois, ce n'était pas assez réactif », souligne Ugo Schreiber. La nouvelle direction a mis en place une bourse à l'emploi par affichage, ainsi que sur l'intranet. Sont également accessibles, sur cet intranet, actuellement en test sur deux sites, des informations sur la politique RH, la formation, la rémunération, les oeuvres sociales du CE, ainsi qu'un forum, une revue de presse et un annuaire interne. Les managers peuvent, enfin, y trouver des informations spécifiques "off", "à savoir" et "à dire". « Nous en sommes à la phase de personnalisation de toutes les versions locales et d'achat des bornes que nous mettrons en libre-service dans les ateliers de production », précise Dominique Laurent.

Entretiens de progrès

Autres chantiers en cours de mise en oeuvre : la généralisation des entretiens de progrès, pour les cadres, Etam et administratifs, mais également pour le personnel de production (ils existaient mais étaient mis en oeuvre de manière très disparate selon les sites) ; la définition d'une politique cohérente de bonus (« notre ambition, précise Dominique Laurent, est que, d'ici à trois ans, chaque cadre perçoive un bonus ») ; ou encore la création, avec l'agence Mediasystem, d'une nouvelle communication de recrutement.

La direction a, par ailleurs, lancé un important travail de professionnalisation des managers (lire ci-dessous), mais s'est aussi efforcée de renouer le dialogue avec les partenaires sociaux. Notamment au travers d'une journée baptisée "Synergie", le 26 novembre dernier, qui a permis à toutes les organisations syndicales locales de rencontrer le directoire, qui a fait un point sur le projet d'entreprise.

Effort de communication

« C'est la première fois que nous pouvons communiquer avec la direction aussi directement, reconnaît Christian Sothier, délégué syndical central FO. Depuis le début de l'année, nous avons eu plusieurs réunions avec Dominique Laurent, c'est une vraie nouveauté. » « Au niveau communication et relations sociales, la nouvelle direction fait un très gros effort », confirme Didier Pasquier, DSC CFDT. Dominique Laurent a, par ailleurs, prévu de réaliser une étude sur la qualité des relations sociales, afin d'aller vers un accord de droit syndical. Mais un premier test aura lieu lors des prochaines négociations salariales : « Les salariés sont au bout du rouleau, cela fait deux ans qu'ils ne perçoivent aucune participation, assure Didier Pasquier. Nous verrons, alors, si la direction veut véritablement faire de Brandt une entreprise de choix ! »

ELCOBRANDT

Activité : 5e groupe d'électroménager en Europe.

Effectifs : 4 200 personnes en France.

Chiffre d'affaires : 850 millions d'euros en 2002.

Marques : Brandt et De Dietrich à l'international ; Sauter, Thomson et Vedette en France ; Samet, San Giorgo et Ocean en Italie.

Reengineering de la fonction RH

« Alors que la fonction RH de Brandt est encore fortement marquée par une culture pyramidale, nous voulons la réorganiser autour de la notion de proximité et d'expertise », souligne Dominique Laurent. La création de centres d'expertise est ainsi envisagée. Dans un premier temps, Dominique Laurent a décidé d'étoffer l'équipe de la DRH centrale, en créant des postes de responsable formation et intégration, de responsable développement RH, de comp and ben, ainsi que de coordinateur RH industriel, dont la mission est de piloter la mise en oeuvre du projet EnergiesRH dans les 7 sites de production.

La professionnalisation des managers

Pour renforcer le professionnalisme de ses cadres, la direction d'ElcoBrandt mise sur une charte de management, une formation spécifique, et aussi sur une enquête de satisfaction interne.

«Nous avons eu recours à l'intervention d'un consultant en ressources humaines, qui a fait réfléchir des groupes de salariés sur leur définition du manager idéal, raconte Dominique Laurent. A partir de ces travaux, nous avons élaboré un référentiel du manager, ainsi qu'une charte du management. »

Charte du management

Cette charte expose les cinq principales missions des managers (porter la force d'un groupe ; agir avec anticipation ; tenir un rôle ; communiquer pour entreprendre ; animer et développer ses collaborateurs) et décrit les 30 responsabilités managériales (accentuer l'efficacité des relations transversales ; connaître et faire partager les contraintes économiques de l'entreprise ; manifester respect et reconnaissance ou encore créer des situations impliquantes, source de motivation...).

Pour assurer la bonne application de cette charte, le groupe va déployer, en 2003, le programme de formation "Cap management", à l'attention des 250 managers clés du groupe. Mais aussi, réaliser, deux fois par an, une enquête de satisfaction interne intitulée "Management et performance index", comportant 30 questions en relation avec les 30 responsabilités managériales décrites dans la charte.

77 % de participation

La première édition s'est déroulée du 22 au 29 novembre dernier auprès des cadres, Etam et administratifs (une extension au personnel de production est à l'étude), et a recueilli 77 % de participation. Ses résultats, connus courant janvier, feront l'objet d'une restitution globale mais aussi par unités de travail, « à condition qu'elle compte au moins 6 personnes », précise Dominique Laurent.

S. F.

L'essentiel

1 Arrivée en février dernier, suite au rachat de Brandt par Elco, la nouvelle équipe de direction a lancé le projet EnergiesRH, pour restructurer la fonction et remotiver les troupes.

2 Dans l'objectif de faire d'ElcoBrandt un "employeur de choix", de nombreux chantiers ont été ouverts : harmonisation des statuts, amélioration de la communication interne, notamment par le biais d'un intranet, politique d'évaluation et de reconnaissance...

3 La direction a également mis l'accent sur le renforcement du dialogue social et la professionnalisation des managers.