C hez Pernod, la fonction RH veut être au service des affaires. Dans une société de 1 200 personnes, avec une forte culture commerciale et industrielle, cela signifie être tout proche du terrain. Cette relation avec les opérationnels suppose un positionnement précis. « Il ne faut pas être donneur de leçons, il ne faut pas non plus se présenter en seul gardien du temple, chargé d'une fonction corporate régalienne, explique Bernard Coulaty, le DRH de Pernod. Sinon, on ne vient pas nous consulter. Or les opérationnels demandent à la fonction RH d'être dans cette position de conseil vis- à-vis d'eux. »

« Etre prestataire en interne et répondre à une demande de conseil, certes. Mais le faire avec une petite part d'âme supplémentaire, résume Bernard Coulaty. Ce qui suppose de très bien connaître le business de l'entreprise, et aussi d'avoir une certaine maturité vis-à-vis des opérationnels. »

Dans les trois usines de Pernod, petites unités de 70 à 90 personnes, et dans les directions des ventes, les opérationnels sont très réactifs. « C'est une culture de décision, puis de validation. On monte un projet, on commence à travailler dessus, puis on le valide et, éventuellement, on l'améliore auprès de la DRH, considérée comme un centre d'expertise. »

Arrivé il y a un an et demi, après un passage chez Danone, Bernard Coulaty a passé une bonne partie des six premiers mois en tournées avec les commerciaux, ou sur les sites de production. Et il demande, désormais, à chacun de ses 21 collaborateurs, de passer chaque année au moins deux jours sur le terrain. « Certaines personnes l'avaient fait, mais ce n'était pas une politique systématique. Désormais, c'est inscrit comme un objectif pour chacun d'entre eux. »

Autre solution pour rapprocher la fonction RH des activités de l'entreprise : la création d'une fonction RH pour chacun de ses deux grands métiers. Une fonction RH commerciale est déjà mise en place au sein de la DRH, à Créteil, et occupe 1,5 personne. Et, en janvier prochain, une responsable RH industrielle sera installée dans l'usine de Marseille, avec un rôle de coordination sur l'ensemble des trois sites de production. Mais elle ne sera pas rattachée aux directeurs d'usine. « Elle s'inscrira dans une logique de client-fournisseur avec les opérationnels, et me sera directement rattachée », précise Bernard Coulaty.

Déjà, la fonction RH ventes est en mesure de gérer 80 % des questions RH de la filière. Restent centralisées : les rémunérations des dirigeants, la gestion des cadres à potentiel et la formation des cadres. Et sur le plan stratégique, la DRH est associée aux objectifs définis par le plan à trois ans de l'entreprise. En particulier, développer la responsabilité et les compétences, notamment, dans le cadre du projet Qualité-Sécurité-Environnement (QSE), qui doit conduire l'entreprise vers des certifications ISO 9000 et 14000.