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« En matière de NTIC, les syndicats sont encore très frileux »

SANS | publié le : 04.02.2003 |

E & C : Dans les entreprises, les syndicats ont-ils pris conscience du pouvoir des NTIC ?

J.-E. R. : C'est un des grands paradoxes de notre société de l'information : les NTIC ayant une puissance de feu sociale considérable, les syndicats et les entreprises affichent, en la matière, une prudence exceptionnelle.

Mis à part certains accords, les quelque quarante textes recensés à ce jour nient l'essence même de ces outils. En clair, sur l'intranet, on proscrit toute interactivité. Le plus étonnant en apparence est que les délégués syndicaux, quelle que soit leur appartenance, signent ces accords. Une attitude qui, plus tard, fera sourire nos enfants.

E & C : Comment expliquez-vous cette prudence ?

J.-E. R. : Tout d'abord, nous sommes en présence d'une fracture générationnelle. Les syndicalistes de la « génération Boulogne-Billancourt » maîtrisent peu ces outils qui les effraient. En outre, les syndicats craignent que leur responsabilité ne soit engagée en cas de dérive d'un de leurs militants. Imaginez un syndicaliste ayant accès à une liste de diffusion, il peut, à n'importe quel moment, faire circuler un message diffamatoire. D'autre part, faire vivre un site au quotidien est chronophage pour un responsable syndical. Le web est consommateur d'heures de délégation.

Les syndicats se méfient également de l'intranet-mouchard et perçoivent vite les limites de ces moyens de communication : car rien ne remplace le bon vieux tract distribué, mano a mano, à la sortie de l'usine ou du bureau, avec les réactions qui l'accompagnent. Les entreprises redoutent, quant à elles, le "spamming" syndical dans le cadre d'un conflit collectif.

E & C : Les grandes confédérations ont-elles une approche très différente ?

J.-E. R. : Elles ne peuvent se permettre de rater le coche des NTIC. Elles partent du constat qu'il y a de moins en moins de militants et d'adhérents, que les salariés sont de plus en plus nomades. Pour elles, l'explosion des technologies de communication est une chance : c'est un bon moyen de séduire les plus jeunes qui baignent dans une culture de réseaux. Certaines organisations syndicales, telle que Sud, l'ont d'ailleurs très bien compris en intégrant les NTIC à leur stratégie de communication.