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Internet, l'outil de protestation des syndicalistes

SANS | publié le : 04.02.2003 |

Aux Etats-Unis, l'usage de l'intranet est réservé à l'entreprise. Les syndicats maison y sont, au mieux, tolérés. Ce qui n'empêche pas les militants américains de monter, sur la toile, de grandes campagnes virtuelles pour faire passer leurs messages.

Qutre-Atlantique, employeurs et syndicats n'arrivent guère à s'entendre sur l'usage de l'intranet. Les syndicalistes souhaiteraient, bien entendu, envoyer leurs messages à des milliers d'affiliés à l'intérieur de l'entreprise, mais les employeurs font, jusqu'ici, de la résistance. L'ordinateur appartient à la compagnie et son usage est strictement réservé aux affaires de la société. Tout au plus, trouve-t-on une poignée d'accords non écrits autorisant les responsables syndicaux à adresser des courriers électroniques à leurs militants.

Direct poubelle

« C'est une tolérance, explique Bill Dugovich, responsable de la SPEEA (Society of professional engineering employees), un syndicat très présent chez l'avionneur Boeing. Mais il ne faut pas en envoyer trop à la fois, sinon cela est assimilé à du "spamming" (envoi de mails en grand nombre). » Les messages syndicaux rejoignent alors automatiquement la poubelle électronique, en compagnie des courriers érotiques et des offres de médicaments miracles indésirables.

Réseaux interdits

« Les entreprises du secteur privé aux Etats-Unis ne nous laissent pas utiliser leurs réseaux intranet », renchérit Marcus Courtney, l'un des permanents de Washtech, une alliance de travailleurs active dans le secteur high- tech. L'absence de collaboration officielle entre entreprises et militants syndicaux fait que le médium Internet se retrouve presque exclusivement utilisé comme outil de protestation.

Les responsables de l'AFL-CIO, le plus grand regroupement de syndicats américains, ont ainsi passé un accord avec Sheeraz Agi, le Pdg de Get Active Software, pour que ce dernier facilite les relations de la centrale avec ses militants et sympathisants. Et les aide à faire connaître leurs points de vue au plus grand nombre. Sheeraz Agi met donc son savoir high-tech au service de l'AFL-CIO pour faire connaître, au plus vite, les dernières campagnes du syndicat. « Nous avons créé une communauté en ligne d'un million de membres qu'on peut mobiliser en 30 minutes, dit-il, et nous espérons, d'ici à deux ans, atteindre les 5 millions. »

Les syndicalistes ont également créé des sites spécifiques pour certains groupes (IBM, Bell Atlantique, Enron...) ou des secteurs d'activité (les personnels temporaires de la high-tech, les concierges...). Et ne cessent, depuis leur site, de faire passer les messages. Ainsi, lorsque "le mouvement justice pour les concierges" a été lancé, les visiteurs en ligne ont appris à envoyer des mails personnalisés aux élus politiques pour réclamer leur soutien.

Les nouvelles par le site

Les salariés de Boeing, en grève, apprenaient les dernières nouvelles du conflit en visitant le site syndical. Au plus fort de la crise, Bill Dugovich a recensé 20 000 visiteurs par jour. Et chez IBM, James Leas, représentant du syndicat CWA (Communication workers of America), poursuit depuis plusieurs années sa campagne de mobilisation à travers le site allianceibm.org. James Leas et les 2 000 abonnés à son bulletin virtuel ont fait campagne contre les projets de modification des retraites chez IBM, en inondant élus politiques et cadres du groupe de messages de protestation. Et IBM a fini par les entendre.