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Stratégie de crise pour les cabinets de recrutement

SANS | publié le : 04.02.2003 |

Fermeture de bureaux, réduction d'effectifs, rémunération à la baisse... Les cabinets de recrutement ont entrepris des plans drastiques d'économies pour surmonter la crise. Mais tous ne résisteront pas à la tourmente qui sévit dans la profession.

Ni les promesses du papy-boom, ni les perspectives de pénurie de main-d'oeuvre ne semblent redonner le moral aux cabinets de recrutement qui plongent dans la sinistrose. L'échéance de 2004-2005 est bien trop lointaine pour leur apporter une bouffée d'oxygène. Le rebond tant attendu, début 2003, n'est pas venu, et plusieurs se demandent encore s'ils seront toujours présents sur le marché en fin d'année.

« Jusqu'ici, on a paré au plus pressé, avec des bouts de ficelle, avertit Denis Sesboüé, Pdg d'Alexander Hughes. On a cherché à ajuster, à tenir bon. Mais si aucun signe de reprise n'arrive avant l'été, ça va être catastrophique : 10 % des cabinets vont fermer. » Scénario alarmiste ?

Réduction des missions

Alors que la plupart des professionnels affichaient d'insolentes croissances à la fin des années 1999 et 2000, les cabinets de recrutement ont tous réduit la voilure en 2002. Avec les coups de froid sur l'activité, les entreprises se sont, en effet, employées à réduire les embauches pour compenser les baisses enregistrées sur les carnets de commandes. Elles ont confié peu de missions aux chasseurs de têtes, l'an dernier, et, en dépit des pyramides des âges bedonnantes de leur organigramme, elles semblent plutôt réticentes à faire de la gestion prévisionnelle de l'emploi.

La multiplication des plans sociaux, la remontée du chômage et les faibles prouesses enregistrées dans les télécommunications, l'informatique ou la high-tech n'ont pas contribué à arranger leurs affaires. Résultat ? Les comptes ont plongé et les cabinets ont, alors, accusé une perte de chiffre d'affaires d'environ 40 % fin 2002 par rapport à l'année précédente. Fermeture de bureaux, gel des embauches, réduction du train de vie...

La plupart d'entre eux ont mis en place des plans drastiques d'économies. Ici, des équipes ont été décimées. De nouveaux managers ont été nommés et des stratégies nouvelles ont vu le jour. Là, des consultants ont été priés de faire plus de prospection commerciale, changeant la nature même de leur emploi. Ailleurs, des consignes ont été données pour "casser" les prix. Certains cabinets ont proposé des prestations à tarifs réduits (d'environ 10 %) ou présenté des offres de recrutement à la carte, en fonction des besoins du client : définition de postes, présélection des candidatures, évaluation des collaborateurs...

Licenciements

Ces programmes n'ont, toutefois, pas toujours été suffisants. En conséquence, certains organismes ont été contraints de licencier. Ce sont les chargés de recherche qui ont, en premier, fait les frais des restructurations. Puis, ce fut le tour des assistants, des documentalistes, des responsables de communication. Les consultants n'ont pas toujours été épargnés. Et les équipes tournent, aujourd'hui, en effectif réduit. Chez Michael Page, le nombre de salariés est, ainsi, passé de 260 consultants, en 2000, à 180 aujourd'hui. Humblot-Grant-Alexander, de son côté, compte désormais 58 salariés contre 70 en novembre 2001. Des plans sociaux ont été négociés chez Korn Ferry International et Heidrick & Struggles. Tous les cabinets, d'ailleurs, n'ont pas résisté à la tempête. Les rumeurs de fermeture et de dépôt de bilan bruissent ici ou là dans le microcosme parisien. Plusieurs sont fragilisés et accusent de gros problèmes de trésorerie. Ils sont en dépôt de bilan ou en redressement judiciaire. « Sur 140 cabinets que compte le Syntec, trois sont dans ce cas », indique un membre de l'organisation professionnelle. Les moins résistants ont été contraints de mettre la clef sous la porte (Olivier Pichot Conseil) ou de vendre leur activité (Nicholson International).

Incertitudes

La situation est-elle plus tragique qu'en 1993 ? « Oui, répond Roland Chabrier, Pdg d'H & C Consultants, car la crise est venue beaucoup plus rapidement. » Les incertitudes pesant sur l'écono- mie mondiale sont encore trop importantes pour entrevoir quelques prémices de reprise. La guerre annoncée en Irak n'arrange rien aux prévisions.

Chutes des salaires

Dans ce contexte, autant dire que les rémunérations ont, elles aussi, été revues à la baisse. Selon les calculs de plusieurs observateurs, cette chute a été d'au moins 40 %, soit l'équivalent de la perte du chiffre d'affaires. De fait, les bonus des consultants, calculés, le plus souvent, en fonction du nombre de missions réalisées, ont été rares en décembre dernier, alors que le salaire fixe avoisine, dans certains cas, un niveau proche du Smic.

Pis : « Certains consultants commencent l'année 2003 avec des bonus négatifs », avertit cet observateur. Certains cabinets anglo-saxons proposent, en effet, des avances sur recettes à leurs collaborateurs en fonction du chiffre d'affaires à réaliser. Or, avec l'absence de missions, l'engagement n'a pu être respecté, le consultant devient, alors, redevable à sa société. Cette "dette" est alors reportée à l'année suivante. Une pratique initiée, voilà quelques années, dans les sociétés de courtage anglo-saxonnes. A noter : des cabinets, à l'instar de Boyden, promettent déjà des primes de "pérennité" à leurs consultants pour les dédommager du préjudice subi... En croisant toutefois les doigts pour conjurer le mauvais sort.

L'essentiel

1Faute de reprise économique, les cabinets de recrutement ont accusé une perte de chiffre d'affaires d'environ 40 % fin 2002 par rapport à l'année précédente. La plupart d'entre eux ont mis en place des plans drastiques d'économies et les rémunérations ont plongé.

2 Tous n'ont pas résisté à la tempête. Plusieurs cabinets sont fragilisés et accusent de gros problèmes de trésorerie. Les moins résistants ont fermé.

3 Une des solutions consiste à rechercher de nouvelles activités en proposant une offre globale de services RH, incluant l'évaluation, le coaching, la sélection d'équipes dirigeantes ou encore l'audit d'organisation...