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LE CASSE-TÊTE DE L'INTEGRATION

SANS | publié le : 18.02.2003 |

Bientôt confrontées à des pénuries de main-d'oeuvre, lorsqu'il faudra compenser les nombreux départs en retraite, les entreprises devront donner leur chance aux jeunes peu ou pas qualifiés. Déjà, certaines sont confrontées aux difficultés que pose l'intégration de cette population, dont les "compétences comportementales" ne correspondent pas toujours à ce qu'elles attendent. Des solutions émergent.

J usqu'alors démarche citoyenne et volontaire, l'intégration de jeunes "difficiles" pourrait bien devenir une nécessité pour les entreprises. L'équation est simple : entre 2005 et 2010, 720 000 personnes partiront à la retraite chaque année, contre 533 000 actuellement, selon le Commissariat général au plan. Pour compenser ces départs, l'allongement de la durée de l'activité de ceux qui sont encore en poste ne suffira pas, et les entreprises se verront obligées d'intégrer des jeunes en masse.

Selon les secteurs, certaines grandes entreprises seront amenées à renouveler entre 30 % et 70 % de leur population actuelle. S'ouvrirait alors ce que certains appellent « l'ère de l'emploi florissant » : pour faire face à une pénurie de main-d'oeuvre, les entreprises devraient alors abaisser leur niveau d'exigence, tant en termes de qualification que de comportement, et ouvrir leurs portes à des jeunes qui, dans un autre contexte, n'auraient jamais pu y entrer.

Tendance à la délocalisation

Simple hypothèse d'école ? Hervé Sérieyx, président du groupe de conseil Quaternaire et ancien patron de la délégation interministérielle à l'insertion des jeunes, le pense. Selon lui, « les entreprises auront de moins en moins besoin de main-d'oeuvre peu qualifiée et ont plutôt tendance à délocaliser ». Il n'empêche, elles commencent à s'interroger sur l'intégration de ces jeunes avec qui elles doivent déjà composer. Car, que constatent-elles ? Que beaucoup d'entre eux sont instables, sans illusion, difficilement contrôlables, portés à l'individualisme, en conflit avec l'autorité. Et qu'elles- mêmes, après avoir gelé les embauches pendant des années, ont omis de repenser leur organisation.

"Maladie honteuse"

Certains signes les incitent cependant à réagir : remise en cause de l'autorité de l'encadrement, absentéisme, retards, incivilités, voire phénomènes de violence, même si ces derniers sont le plus souvent niés par les entreprises, comme une "maladie honteuse", pour reprendre l'expression de Nicolas Flamant, auteur d'une étude sur l'intégration des jeunes dans les entreprises pour Entreprise & Personnel. Pour faire face, deux types de réponse, dont l'une n'exclut pas l'autre, s'offrent aux entreprises : renforcer la discipline et repenser le management. Maury Imprimeur a très nettement pris parti pour la première solution. Le spécialiste des ascenseurs Koné, a, quant à lui, opté pour la solution douce en repensant sa formation et son processus d'intégration.

L'usine Toyota de Valenciennes, qui emploie en grande majorité de jeunes ouvriers, a décidé de sévir d'une main (une procédure de licenciement est engagée dès qu'un salarié est absent plus de cinq jours sans justificatif) en maternant de l'autre (aide à l'installation, mutuelle obligatoire, équipe médicale à la disposition des salariés, management participatif...).

Encadrement des jeunes

Pour faire face à l'entrée massive de jeunes dans ses usines, en 2000 et 2001, PSA a fait suivre à sa maîtrise un stage sur l'encadrement des jeunes recrutés, dans au moins trois sites. « Si les années 80 ont été celles du management des cadres, les années 2000 seront celles de l'encadrement des jeunes », pronostique Daniel Courtois, l'animateur de ce stage au cabinet Prestaction.

Insertion

C'est, en fait, tout le monde de la formation professionnelle qui est questionné par l'insertion des jeunes "sauvageons", pour reprendre la formule de Jean-Pierre Chevènement. Les sociétés d'intérim ont déjà compris que leur croissance passait par leur capacité à déléguer une main-d'oeuvre compétente à la fois techniquement et socialement. Quant à l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), elle doit remettre en mars un rapport sur les "compétences comportementales" de ses stagiaires au ministère des Affaires sociales. L'accueil qui lui sera réservé sera un test de l'intérêt que porte le gouvernement à cette question.

L'essentiel

1 A partir de 2005, les employeurs devront remplacer une bonne partie des 720 000 salariés qui partiront à la retraite chaque année, et apprendre à intégrer dans l'entreprise une masse de jeunes gens peu qualifiés, auxquels les "compétences comportementales" font parfois défaut.

2 Certaines entreprises sont déjà confrontées à cette difficulté. De même que leurs prestataires, agences d'intérim ou centres de formation.

3 Les solutions adoptées vont du "serrage de vis" pur et simple à un mixte alliant sanctions et refonte du processus d'intégration.