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« Il manque une ambition nationale »

SANS | publié le : 18.03.2003 |

E & C : Comment percevez-vous la négociation sur la formation professionnelle ?

P. G. : Beaucoup de questions sont en suspens. Le co-investissement : pourquoi pas ? Mais comment le rendre accessible aux salariés à faible qualification et basse rémunération ? Dans cette formule, où le salarié est, au minimum, appelé à donner de son temps, quelle est sa capacité d'initiative réelle ? Comment garantir que la formation suivie ne lui soit pas purement et simplement imposée ? Le bilan du capital de temps de formation ne plaide pas en faveur de ce type d'approche qui, pourtant, a ses partisans et pas seulement dans les rangs du patronat. A vouloir privilégier les formations dites d'intérêt partagé, ne risque-t-on pas de réduire la palette des formations accessibles aux salariés ?

La suppression de l'obligation légale ? En mesure-t-on véritablement l'impact ? Annonce-t-elle une refondation ou une disparition pure et simple du droit de la formation ? La négociation pourra-t-elle accoucher d'un système remplissant globalement les mêmes fonctions ?

L'avenir du dispositif du Congé individuel de formation interroge également. Les organisations patronales semblent vouloir le réduire au financement de l'acte de formation. Quid du maintien du salaire ? Les comptes "épargne-formation" constituent-ils une réponse pertinente pour tout type de public, dans un pays où le salaire médian net est d'environ 1 400 euros mensuels ?

Je vois un point positif, en revanche, c'est l'intérêt porté par les organisations patronales à l'information, l'accompagnement et la validation des acquis du salarié en amont de la formation.

E & C : La négociation bute sur les intérêts divergents des salariés et des employeurs. Manque-t-il un acteur supplémentaire pour trouver des pistes d'évolution ?

P. G. : L'entreprise seule ne peut pourvoir à tout. Elle doit participer à l'adaptation professionnelle et à l'éventuel reclassement de ses salariés, mais ne peut prendre en compte toutes les dimensions de la formation tout au long de la vie. Aujourd'hui, on miserait plus volontiers sur l'individu. Cela ne peut avoir de sens que dans le cadre d'une politique nationale conséquente et cohérente. On est ici loin du compte. La politique de l'Etat manque singulièrement, depuis trop longtemps, de souffle et d'ambition.

(1) Il était, par ailleurs, membre du groupe d'experts désignés par les partenaires sociaux lors de la précédente négociation, en 2001.

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