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Les sociétés franciliennes utilisent le "système D"

SANS | publié le : 10.06.2003 |

Est-ce la baisse de la conflictualité à la RATP qui incite les entreprises franciliennes à faire preuve d'un aussi grand pragmatisme ? En tout cas, peu d'entre elles ont élaboré des procédures ou édicté des règles communes pour gérer leur personnel lors des grèves dans les transports.

«Ayant travaillé pendant de nombreuses années en province, je suis tou- jours frappé par la débrouille des salariés franciliens et par leur grande capacité à s'organiser à chaque nouvelle grève des transports en Ile-de-France. » Pour Jean-Pierre Mouroux, DRH de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (93) de PSA Peugeot Citroën (5 600 salariés), les perturbations sur les réseaux RATP et SNCF relèvent cependant du casse-tête. Car, dans un secteur d'activité où le rythme de production en flux tendus est la norme, pas question d'arriver en retard sur les chaînes de montage ! « Une absence inopinée et c'est la ligne qui s'arrête, indique le DRH. En ce qui nous concerne, le problème des grèves se pose avec une forte acuité pour les salariés de l'équipe de nuit. »

Transporteurs privés

La parade de Jean-Pierre Mouroux ? Le recours à des transporteurs privés. Ainsi, à chaque journée noire en Ile-de-France, ce ne sont pas moins de onze cars, spécialement affrétés par l'entreprise, qui "ramassent" le personnel. Lequel doit, au préalable, téléphoner à un numéro vert pour connaître les lieux et les horaires de passage des navettes. Coût de l'opération pour PSA Aulnay : environ 2 500 euros par jour.

Dans un autre registre, le spécialiste du travail temporaire Adecco s'appuie sur ses 160 sites en Ile-de-France pour limiter les dégâts d'une grève des transports. A l'instar de ce qui se pratique, par exemple, à La Poste, les 800 salariés d'Adecco basés en région parisienne sont autorisés à rejoindre l'agence la plus proche de leur domicile. Un dispositif inauguré lors du conflit de l'hiver 1995 et réactivé, depuis, à chaque nouvelle perturbation. « Les collaborateurs peuvent se connecter sur leur ordinateur et accéder à la base des intérimaires, signale Natalie Valin, responsable RH d'Adecco Ile-de-France et Centre. L'entreprise étant très éclatée, il nous est impossible de prendre des mesures globales. Chaque chef d'agence organise, en fonction de ses priorités, le temps de présence des collaborateurs. » Plus généreuse, la Société générale rembourse les frais de déplacement de ses salariés placés dans l'impossibilité de prendre les transports en commun. Installé sur un site unique dans le quartier de La Défense (92), Total (environ 4 000 salariés) dispose, quant à lui, sur son site intranet, d'une bourse de covoiturage. Tout aussi utile, en ce moment, avec le conflit des enseignants, un portail extranet, baptisé Only You, propose un panel de services aux salariés du groupe pétrolier, dont la mise à disposition de baby sitters à des tarifs négociés.

Jours de grève en baisse

Reste que peu d'entreprises ont élaboré des dispositifs de gestion de leur personnel en cas de paralysie dans les transports. Il faut dire que la conflictualité à la RATP est en baisse constante. Avec 0,26 jour de grève par agent, l'an dernier, la Régie a enregistré son troisième meilleur taux depuis douze ans.

Pratiques de télétravail peu encouragées

En cas de grève, « c'est le pragmatisme qui prime », reconnaît-on à la direction de la communication de Gaz de France. Même son de cloche chez Thales ou chez Manpower, où l'on recommande de manière informelle aux salariés de solder leur compte de jours de RTT. Quant au télétravail, dont on dit qu'il monte en puissance, les pratiques sont peu encouragées. « Lors du dernier conflit à la RATP, nous avons offert à notre assistante un accès Internet haut débit afin qu'elle puisse travailler chez elle dans des conditions optimales », signale toutefois François Enius, directeur associé du cabinet de conseil en management Absylone. Chez Adecco aussi, les cadres sont invités à travailler chez eux.

Autre discours récurrent de la part des entreprises : la confiance qu'elles accordent à leurs salariés. « Nos colla- borateurs sont responsables de l'organisation de leur temps de travail », soutient la direction d'IBM France, dont 65 % des salariés vivent en Ile-de-France. Le géant de l'informatique peut cependant amortir le choc des grèves de transport grâce à ses cinq centres de proximité qui maillent la banlieue parisienne.

L'essentiel

1 Rares sont les entreprises franciliennes à avoir mis sur pied une procédure pour gérer leur personnel pendant les grèves dans les transports en commun.

2 Moyens les plus souvent retenus par les employeurs : le "système D" et les arrangements au cas par cas avec les salariés.

3 Certaines sociétés s'efforcent, toutefois, d'aider leurs collaborateurs, en favorisant, par exemple, le covoiturage, ou en les autorisant à travailler chez eux.