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L'idée d'épargne retraite d'entreprise mûrit

SANS | publié le : 24.06.2003 |

Selon la seconde enquête annuelle Tendances épargne d'entreprise, d'Altedia et BNP-Paribas, les salariés sont prêts à cotiser pour un complément de retraite à travers des dispositifs d'entreprise. Et ils continuent globalement à faire confiance à leur entreprise pour leur épargne.

La retraite et son financement, gros dossier social du semestre, nourrit aussi les réflexions des salariés et de leurs employeurs en matière d'épargne salariale. La deuxième enquête annuelle sur l'épargne d'entreprise, menée par Altedia et BNP Paribas, en fait foi. Aussi bien pour les 200 dirigeants que pour les 382 salariés interrogés juste avant la présentation du projet de réforme des retraites au Conseil des ministres, l'épargne d'entreprise se présente comme une solution digne d'intérêt en la matière.

Préférences des salariés

50 % des salariés ont l'intention de modifier leurs habitudes d'épargne personnelle pour compléter leur retraite ; 78 % des dirigeants, contre 59 % en 2002, estiment que les salariés sont intéressés par un complément de retraite proposé par l'entreprise, ainsi que 64 % des salariés, contre 52 % précédemment. Cette solution d'un régime de prévoyance spécifique d'entreprise, type article 83, par exemple, arrive bien avant celle du PEE, tandis que le PPESV (le PPESVR n'avait pas encore été formalisé) reste très en retrait, sans doute parce que mal connu et complexe. L'assurance vie et les PEA font les frais de ces choix.

Et, en tout état de cause, les salariés font confiance à l'entreprise pour assurer, en partie, leurs vieux jours : 21 % seraient favorables à un système d'épargne retraite facultatif dans l'entreprise, 23 % à un système obligatoire dans l'entreprise, soit plus que ceux qui veulent épargner hors entreprise (38 %). Les dirigeants ont aussi identifié une demande pressante, puisqu'ils considèrent que leurs salariés seraient intéressés, pour 64 % d'entre eux, par un système facultatif ou obligatoire proposé par l'entreprise. Et ces mêmes chefs d'entreprise seraient, à 69 %, prêts à abonder l'épargne retraite de leurs salariés... mais pas tout le temps (60 % n'envisagent qu'un abondement facultatif).

Il n'empêche, pour Hugues Colmant, Pdg de BNP-Parisbas épargne entreprise, « un nouveau marché de l'épargne retraite d'entreprise est en train de naître », avec des dirigeants favorables et des salariés qui veulent épargner pour la première fois (6 %), plus fortement (21 %), ou plus longtemps (11 %), et qui demandent des produits spécifiques. « Un boulevard semble ouvert aux dispositifs d'épargne d'entreprise adaptés à la retraite », résume Raymond Soubie, directeur d'Altedia. Même si, pour l'heure, le marché de l'épargne salariale patine un peu (lire Entreprise & Carrières n° 665).

La confiance progresse

« Le maintien de la confiance dans l'entreprise constitue un résultat intéressant, commente Raymond Soubie. Il n'était pas acquis dans un contexte qui cumule des performances boursières faibles et une augmentation du chômage. » Si 85 % des dirigeants estiment qu'il est naturel de placer ses économies dans l'entreprise, plus étonnant, 67 % des salariés interrogés sont du même avis, contre 63 % l'année dernière, et 24 % sont d'un avis contraire, contre 33 % en 2002. Ces derniers sont même moins sensibles à la conjoncture que le croient leurs dirigeants : 63 % d'entre eux ne changent pas leur choix de placement, alors que les chefs d'entreprise pensent, pour 56 % d'entre eux, qu'ils recherchent plus de sécurité.

Pour l'actionnariat salarié, en revanche, les choses sont moins nettes : certes, 52 % des salariés sont intéressés par les actions de leur entreprise, soit plus qu'imaginent leurs dirigeants (49 %). Mais l'actionnariat salarié recueille un peu moins de faveurs qu'en 2002 - 58 % des salariés l'estiment comme une bonne chose, contre 67 % en 2002. D'autre part, 65 % des dirigeants comme des salariés considèrent que la part de l'épargne salariale investie en actions de l'entreprise devrait se limiter à 10 %. Or, la concentration en actions dédiées dans les PEE dépasse bien souvent les 40 % dans la réalité.

Comment contrôler les produits et les services associés à l'épargne d'entreprise ? Les syndicats font un peu moins peur aux dirigeants et leur rôle est mieux reconnu, pour le contrôle de l'épargne salariée (un dirigeant sur quatre favorable à un rôle plus important, contre 16 % en 2002) comme pour la représentation et la défense des actionnaires salariés (un dirigeant sur trois, contre un sur quatre l'année dernière).

Manque d'information

Un point noir demeure, confirmé par d'autres enquêtes : l'information. Le tiers des salariés seulement se considèrent bien informés sur l'épargne salariale, et cette part tombe à 28 % pour l'actionnariat salarié et à 20 % pour l'assurance collective à vocation retraite. Pour faire face à ce défaut d'information, les salariés comme les dirigeants souhaitent des réunions dans l'entreprise, bien plus que des conseils par téléphone ou par Internet.