Chacun a une place dans l'entreprise, chacun a des compétences. Il y a des situations dans lesquelles elles se révèlent et d'autres non. Notre travail, c'est qu'elles se révèlent partout. » La philosophie de la méthode IOD (Intervention sur les offres et les demandes) tient dans cette formule de Jean-Marc Lafitte, directeur de Transfer, l'association qui a construit cette pratique dans les années 80.

L'objectif de la méthode est d'amener des personnes écartées durablement de l'emploi à retrouver un travail stable dans une entreprise en répondant, au plus près, au besoin de celle-ci.

Les équipes qui pratiquent cette méthode, des associations financées par des fonds publics divers (région, département, direction du travail, ANPE, contrats de ville, Fasil, etc.), jouent le rôle d'un véritable cabinet de recrutement, ajustant l'offre et la demande. Seule différence : les emplois à pourvoir sont des postes d'exécution et la prestation est gratuite pour l'entreprise.

Les chargés de mission de l'association prospectent les entreprises pour recueillir des offres de CDI et les aident à définir le poste en termes de tâches à effectuer. Ce travail leur permet souvent de faire émerger des besoins non satisfaits.

« Si nous cherchons pour un candidat un poste de manutentionnaire, nous pouvons suggérer à l'employeur de faire évoluer un salarié qui occupe ce poste vers celui de responsable de quai, libérant, ainsi, un poste d'exécution. Un employeur peut aussi nous dire qu'il n'embauche pas, puis, au cours de la discussion, déclarer qu'il a bien un besoin, mais a renoncé à chercher », explique Sylvie Andrès, chargée de mission à Cap Entreprise-Association Robert Monnier, à Toulouse.

Les chargés de mission proposent également à l'entreprise une méthode de recrutement axée sur le poste et non sur la personne. D'ailleurs, point majeur, les entreprises ne sont pas informées qu'elles recrutent une personne qui a eu des problèmes. Jamais cette dernière n'est présentée comme étant en difficulté, mais comme la bonne personne pour le poste.

« Nous ne présentons jamais une mesure, mais une personne apte au poste. Il faut en finir avec les représentations : la durée d'inactivité n'a rien à voir avec la capacité ou non de tenir unposte. Nous avons placé avec succès une personne qui n'avait pas travaillé depuis dix-sept ans », souligne Sylvie Andrès.

Enfin, la méthode IOD prévoit une période d'accompagnement de l'intégration du salarié dans l'entreprise, fixant précisément les tâches à accomplir, dans quel délai, avec quel degré d'autonomie, etc. « Avec l'entreprise, nous prévoyons toujours qu'un salarié accueille et forme la personne. De cet accompagnement dépend la réussite de son intégration », indique Sylvie Andrès. Pratiquée de façon confidentielle - une centaine de "consultants" y ont recours -, la méthode est très efficace. Plusieurs études d'évaluation ont fait état de 75 à 90 % de personnes en CDI un an après leur embauche.

En 2002, l'équipe Cap Entreprise a, pour sa part, contribué à placer 199 personnes sur un emploi durable dans tous les secteurs (industrie, santé, commerce, BTP, nettoyage). Les recruteurs en sont très satisfaits. « Les chargés de mission connaissent les exigences de l'entreprise. Ils me font gagner beaucoup de temps en me proposant vraiment les profils correspondant au poste. Alors que si je passe une annonce à l'ANPE, même avec un descriptif précis, je suis inondée de CV qui ne conviennent pas », déclare Karine Lliboutry, directrice du magasin Habitat Toulouse, qui a recruté 4 personnes via Cap Entreprise, à des postes de vente, de caisse, de secrétariat et de magasinage.