Hervé Sérieyx a souvent la métaphore poétique et, en tout cas, le souci de la formulation, voire de la formule. Avec Boussoles pour temps de brume, l'auteur du Zéro mépris, du Big bang des organisations ou de La nouvelle excellence creuse la même veine analytico-prophéto-poétique. Pour l'occasion - puisqu'il y a en cet homme du troubadour à peine refoulé -, l'auteur exhume quelques-unes des six cents chansons qu'il a écrites pour illustrer son propos... sur CD, bien sûr.

Le dernier livre d'Hervé Sérieyx, l'homme orchestre, est donc inclassable, comme les précédents ; analyse sociologique, texte d'économie, credo..., en paroles et en musique, l'auteur entend, filant la métaphore, nous rappeler les règles de la navigation par temps couvert. Et comme abondance de biens ne nuit pas, il propose une aide au repérage en période de flou et d'incertitude, reposant sur trois boussoles, celles-là mêmes qu'il dit utiliser pour sa propre gouverne : la vie apprenante, l'organisation apprenante, le développement apprenant.

Au final, si le lecteur ne gagne pas vraiment en certitudes, il reste ébloui par quelques analyses magistrales sur la mort de l'Europe politique au profit de celle de l'influence, les incertitudes de la globalisation, le progrès, le sens, la valeur, la vérité..., toutes notions qu'on n'aborde pas, comme au jour de l'épreuve de philosophie du bac, sans une certaine émotion.

Hervé Sérieyx est, aujourd'hui, président du conseil de surveillance d'Iteo, premier groupe français d'études et de conseil, vice-président du groupe canadien CFC et membre du Conseil économique et social. Il enseigne au Collège des ingénieurs et à l'Ecole des mines.