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Les inégalités face à l'emploi perdurent

SANS | publié le : 23.09.2003 |

Un rapport de l'OCDE, rendu public le 17 septembre, note une amélioration des performances des marchés de l'emploi mais dénonce, en particulier, l'inégalité d'accès à l'emploi de nombreuses catégories d'actifs, qu'il faudra corriger à l'aube du papy-boom.

Bonne nouvelle : le marché de l'emploi montre des signes encourageants d'amélioration structurelle, donc pérenne. C'est ce qu'annonce, en préambule, l'épais rapport produit par l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), rendu public le 17 septembre dernier (1), qui servira de base de discussions aux différents ministres de l'Emploi des pays de la zone, réunis les 29 et 30 septembre prochains, sous la présidence de François Fillon. Ainsi, la croissance de l'emploi, depuis une décennie, est réelle et, bien qu'elle ait marqué le pas en 2002, devrait atteindre 1,1 % en 2004. Le chômage, qui a augmenté d'environ un point dans l'ensemble de la zone OCDE (2), n'a donc pas entamé les gains obtenus ces dernières années.

Bilan mitigé

Mais là s'arrêtent les réjouissances. En regardant d'un peu plus près la qualité des emplois, le bilan se révèle, en effet, des plus mitigés. Un chiffre : les emplois à temps partiel ont représenté au moins 50 % de la croissance totale de l'emploi, au cours de la décennie écoulée, dans la moitié des pays étudiés.

En matière de conditions de travail, la distribution de bons points n'est pas non plus à l'ordre du jour. Les problèmes de santé liés au travail, comme le stress ou le risque physique, s'envolent. De même pour l'intensité du travail.

Rythme de travail élevé

En 2000, 56 % des personnes interrogées dans le cadre de l'"Enquête européenne sur les conditions de travail", estimaient travailler à « un rythme très élevé », contre 48 % dix ans plus tôt. Quant au temps de travail, il a, certes, eu tendance à se raccourcir pour atteindre une moyenne de 38 heures hebdomadaires, mais les disparités entre pays demeurent. Les personnes qui travaillent au-delà de 45 heures sont, ainsi, encore légion (plus de 40 % des hommes en Grèce, en Islande et au Royaume-Uni).

Par ailleurs, si le nombre d'emplois bien rémunérés a augmenté assez rapidement ces dernières années (toutefois sans aucune mesure par rapport aux gains de productivité), l'inégalité des salaires a, pour sa part, tendance à s'aggraver.

Catégories éloignées de l'emploi

Enfin, certaines catégories de personnes sont encore et toujours éloignées de l'emploi. Il s'agit des seniors, des femmes et des personnes peu qualifiées. Ce constat n'est pas nouveau, et cela semble encore s'aggraver. Chiffres à l'appui. Ainsi, près des deux tiers des personnes d'âge actif qui n'ont pas d'emploi sont des femmes. Certaines, selon le pays, étant mieux loties que d'autres. Ainsi, le taux de femmes en âge de travailler sans emploi s'échelonne de 17 % en Islande à 73 % en Turquie. Quant au taux de non-emploi des personnes de plus de 55 ans, il tourne autour de 50 %. Tout comme celui concernant les individus n'ayant pas été au bout du deuxième cycle du secondaire. Autant de potentiel de main-d'oeuvre dont ne pourront plus se passer les pays de l'OCDE à l'aube du prochain choc démographique.

Selon les auteurs du rapport, aider ces catégories à aller vers l'emploi ne suffit pas, il faut aussi rendre le marché de l'emploi plus attractif. Premier levier possible : mieux rémunérer le travail, et ce, en faisant appel à un peu plus d'imagination, car, selon l'OCDE, les systèmes d'incitation financière (subventions, allégement de charges sociales...) ne résolvent pas tout. Ensuite, il convient de faciliter la vie des bas salaires avec, par exemple, des services de garde d'enfants appropriés et de vraies possibilités d'aménagement des horaires de travail.

Le levier de la formation

Autre piste et non des moindres : la formation. Dans presque tous les pays de l'OCDE, la formation professionnelle continue représente au moins 60 % de la formation des adultes. Dans les deux tiers des cas, elle est financée par les employeurs. Pour autant, elle produit également son lot d'inégalités. Les femmes reçoivent un nombre d'heures de formation inférieur de 17 %, en moyenne, à celui dont bénéficient les hommes. Les salariés âgés de 56 à 65 ans bénéficient, quant à eux, de 12 heures de formation par an contre 18 heures pour les 36-45 ans et 21 heures pour les 26-35 ans. L'OCDE en appelle, sur ce point, aux gouvernements afin de rectifier ces inégalités à l'aide de réformes.

Un remède parmi d'autres : le cofinancement,qui mobiliserait les ressources des employeurs, des salariés et des pouvoirs publics. Selon les auteurs de ce rapport, les pistes ne manquent pas pour réduire le non-emploi. La balle est donc dans le camp des ministres de l'Emploi.

(1) Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2003, vers des emplois plus nombreux et meilleurs.

(2) Union européenne, Canada, Etats-Unis, Mexique, République tchèque, Islande, Hongrie, Pologne, République slovaque, Suisse, Turquie, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée.

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